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LBO ou Leverage Buy Out : principes, types de montages et effet de levier

LBO ou Leverage Buy Out : principes, types de montages et effet de levier

Temps de lecture estimé : 9 min

Rédaction WEB : JUST DEEP CONTENT

En quoi consiste le LBO ? Quels sont les différentes formes de LBO ? Qu’est-ce que l’effet de levier et quels types de dettes sont utilisés ? Explications.

Le LBO (leverage buy out) est un montage financier qui consiste en un rachat d’entreprise ou société par le levier de l’endettement. Le rachat est effectué par une société holding créée à cet effet qui utilise l’endettement pour acquérir les titres d’une société et en prendre le contrôle.

Ce montage fait partie des opérations fréquemment privilégiées lors du rachat d’une société. Le point sur le fonctionnement du LBO, ses différentes formes et le principe de l’effet de levier.

SOMMAIRE

  • Le LBO : principe et effet de levier
  • Les différents types de LBO
  • Le principe du financement par le levier de l’endettement : les différents types de dettes

Le LBO : principe et effet de levier

 

L’investisseur, via le LBO, a deux objectifs : racheter une société cible dont il espère une plus-value à la revente et bénéficier de l’effet de levier de l’endettement.

 

Qu’est-ce que le LBO ?

Comme évoqué il s’agit du principe de rachat d’une société, qui peut être une PME (Petite et Moyenne Entreprise) comme un grand groupe international.

Le LBO permet, avec un apport limité, de prendre le contrôle de 100% du capital d’une société. Le montage repose sur une structuration entre apport en capital et recours à l’endettement.

Les investisseurs, intéressés par une société dont ils espèrent une forte croissance et une plus-value future à la revente, acquièrent la société cible via une holding de reprise.

Ils réalisent pour partie un apport en capital au sein de cette holding mais privilégient surtout l’endettement à taux fixe. La capacité de la société cible à distribuer des dividendes est cruciale. C’est en effet par ce moyen que la holding de reprise des investisseurs remboursera l’endettement. Les investisseurs sont souvent des fonds d’investissement seuls ou accompagnés d’un repreneur personne physique ou société.

Exemple de schéma de structuration de la holding de reprise :

Source : Sabine Petitgirard pour l’ESBanque

Dans cet exemple, les investisseurs en capital apportent 35 pour l’acquisition d’une société cible ayant une valeur de 100. La dette de financement bancaire ou permet le financement complémentaire de 65 pour acquérir la cible. L’acquisition de la société cible se fait donc à la fois par apport en capitaux propres et dettes. Investisseurs et banques de financement analysent la rentabilité de la société cible et sa capacité distributive afin de déterminer le montant maximal de la dette.

 

Qu’est-ce que l’effet de levier ?

L’effet de levier consiste à démultiplier les possibilités d’acquisition en recourant à la dette.

Le remboursement de la dette permet en effet un triple effet de levier :

  • Effet de levier juridique: l’apport en capital peut être plus efficace par l’utilisation d’actions particulières comme les actions dites de préférence Elles permettent aux investisseurs de détenir davantage de droits de vote ou de droits financiers.

 

  • Effet de levier financier: il provient de l’endettement qui finance une partie de l’acquisition. Il est important que la société cible qui sera rachetée soit économiquement rentable de telle sorte que le dividende qu’elle pourra distribuer puisse rembourser la dette constituée. Le principal de la dette sera ainsi remboursé par la cible au regard de sa capacité à générer du bénéfice. L’analyse de la société cible et de son business plan est donc fondamental pour déterminer le montant de l’endettement possible.

L’effet de levier financier repose sur la différence entre le taux de l’endettement, c’est-à-dire le coût du financement externe et la rentabilité de la société cible, c’est-à-dire sa capacité à générer des profits et à les distribuer. Si la rentabilité de la société cible est supérieure au coût de l’endettement, l’effet de levier financier est positif pour l’investisseur.

Parallèlement, l’actionnaire au fur et à mesure que l’endettement diminue, pour autant que la valorisation de la cible ne soit pour le moins identique sinon supérieur, voit la valorisation de son capital augmenter. Ainsi la dette est remboursée progressivement et le groupe de société (holding et société cible) prend de la valeur participant à la plus-value et la rentabilité attendue par les investisseurs (associés personnes physiques et fonds de private equity).

L’effet de levier juridique et financier se combine avec un effet de levier fiscal.

 

  • Effet de levier fiscal :

Il est lié notamment au fait de pouvoir recourir à l’intégration fiscale, conditionné entre autres à ce que la holding détienne au moins 95% du capital de la société cible.

 

Intégration fiscale et régime mère-fille : quelles différences ?

L’intégration fiscale impose de remplir certaines conditions (article 223 A du CGI) :

  • Assujettissement à l’IS pour la société mère et fille
  • Concordance des exercices comptables
  • Au moins 95 % du capital de la filiale doit être détenu directement ou indirectement par la société mère. Cette condition garantit que le groupe a un contrôle substantiel sur sa ou ses filiales.
  • Aucune société domiciliée en France et assujettie à l’IS ne doit détenir plus de 95 % de la société mère.

L’intégration fiscale désigne une société dite mère qui se trouve seule redevable pour elle et sa ou ses filiales de l’impôt sur les sociétés, cette option impose la conclusion d’une convention d’intégration fiscale.

Ce régime fiscal permet de remonter le résultat de la cible dans la holding. Cela permet de consolider les résultats fiscaux au niveau de la holding considérant uniquement une quote-part de frais et charges de 1% (depuis la Loi de Finances rectificative de 2015). La Loi de Finances pour 2024 subordonne le bénéfice en cas d’intégration fiscale au fait que la société distributrice soit membre de ce même groupe depuis plus d’un exercice (filiale française).

Ainsi l’impôt sur les sociétés sera diminué des frais puisque ce résultat sera déterminé au niveau de la holding.

L’intégration fiscale permet ainsi de considérer un résultat à un seul niveau, celui de la holding, permettant par la même de déduire le déficit lié au frais générés par le remboursement de la dette.

A noter que les charges financières nettes déductibles du résultat fiscal de l’entreprise sont soumises à une limite ou plafond (à savoir, dans la limite du plus élevé des deux montants suivants 3 millions d’euros ou 30% de son résultat fiscal avant impôts, intérêts, dépréciations et amortissements (EBITDA fiscal (Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation and Amortization)) applicable notamment en cas d’intégration fiscale (article 223 bis du CGI).

Par comparaison, si la cible est détenue à moins de 95 % par la société mère mais à plus de 5 %, elle peut opter pour le régime mère et filiale. Ce régime permet à la société cible de remonter le résultat en quasi-franchise d’imposition mais elle doit payer l’impôt sur les sociétés. Le régime mère-fille permet d’exonérer d’IS les produits versés par la société fille. Fiscalement, la société mère déduit 100 % des produits reçus puis réintègre une quote-part de 5 % de frais et charges.

L’IS supplémentaire est faible, mais le régime reste moins pertinent que l’intégration fiscale. Les frais financiers relativement lourds de la holding génèrent un déficit, et ce déficit ne peut être transmis à la société fille qui paie toujours l’IS. Aussi, dans le schéma et puisque la holding ne génère pas de résultat ou peu (management fees), les frais financiers ne peuvent être déduits qu’à hauteur de la quote-part remontée. A noter qu’il existe un plafond de déductibilité des frais.

 

Le schéma de LBO recourt donc principalement à l’intégration fiscale.

Schéma avec intégration fiscale :

Source : Sabine Petitgirard pour l’ESBanque

 

Les différents types de LBO

 

Selon la nature de l’acheteur, le LBO aura un nom différent :

  • Lorsque les repreneurs sont des cadres dirigeants de l’entreprise rachetée, on parle de Leveraged Management buy-out (LMBO, RES Rachat d’Entreprise par les salariés en France)
  • Lorsque les repreneurs (investisseurs) proviennent uniquement de l’extérieur, on parle de Leveraged Buy-In (LBI)
  • Lorsque les acheteurs sont à la fois des investisseurs extérieurs et des cadres internes à l’entreprise rachetée, on parle de Buy-In Management Buy-Out (BIMBO)
  • Lorsque les actionnaires veulent à terme fusionner l’entreprise avec une autre, on parle de Leveraged Build-Up (LBU)
  • Lorsque les acheteurs sont des investisseurs extérieurs et qu’ils apportent une nouvelle équipe de management, on parle de Leveraged Management Buy-In (LMBI)
  • Lorsque le propriétaire de la société est lui-même acheteur, on parle de Owner Buy-Out (OBO)

Selon le schéma, la répartition capitalistique peut être différente. Très souvent les fonds d’investissements sont des associés participant à l’apport en capital. On peut ainsi retrouver lors de la structuration des « pools » d’investisseurs.

Par ailleurs pour certaines structurations de capital, il est possible d’intéresser les managers en leur permettant de devenir associé minoritaire, directement dans la holding ou par des holdings intermédiées, communément appelées MANCO (pour « Managers Company ») permettant au cercle managérial de monter au capital. Il y a de forts enjeux sur la nature des actions accordées, comme sur le volume de prise de participation et enfin sur la nature du pouvoir décisionnaire dans le cadre de ces prises de participations. La structuration se fait ainsi par la nature des droits de vote, la quote-part de détention directe ou indirecte, la nature des actions par exemple de préférence, des BSA (Bons de souscription d’Actions) ou autres actions spécifiques.

Les associés de la holding de reprise se répartissent ainsi souvent entre les dirigeants de la cible, éventuellement des cadres (MANCO ou non) pour les intéresser au travers d’une montée au capital et des fonds de private equity ou fonds d’investissements.

Il est fondamental de bien structurer le capital de la holding, tant sur le plan de la prise de pouvoir que sur celle de la valorisation à terme pour l’investisseur. La nature de l’investisseur (fonds, dirigeant ou cadre) est également déterminante.

Souvent, la société holding et la société cible fusionnent à la fin du remboursement de l’emprunt. Il est aussi possible de réaliser cette fusion pendant le remboursement. Cette fusion permet à la société de déduire la charge de l’emprunt de ses résultats sans avoir à faire une distribution de dividendes.

 

Le principe du financement par le levier de l’endettement : les différents types de dettes

 

Les fonds empruntés pour la reprise de la société cible correspondent en moyenne à 70 % de la mise initiale. Ces fonds sont le plus souvent apportés par des banques classiques.

Il existe trois types de dettes, mais on retient principalement la dette senior et la dette mezzanine. L’endettement de la holding d’acquisition prend d’abord la forme d’une dette bancaire senior et d’une dette mezzanine, le remboursement de la seconde dette dépend directement du remboursement de la première.

La dette senior : lors d’une opération de LBO, une dette senior correspond à la dette que l’entreprise contracte auprès des banques. Notons qu’un financement par LBO s’accompagne de clauses contractuelles qui imposent au repreneur des contraintes dans la gestion de l’entreprise. Elle prend la forme d’un prêt moyen terme (entre 5 et 8 ans) et couvre plus de 50% à 55% de l’endettement global du LBO.

La dette mezzanine : elle prend la forme d’un prêt subordonné, c’est-à-dire dépendant du remboursement préalable des prêts bancaires, ou d’une émission obligataire assortie de bons de souscription en action ou convertible en actions.

 

Très souvent, le financement est partagé entre plusieurs banques, il s’agit de «pool bancaire ». Une des banques aura le rôle d’agent arrangeur. C’est elle qui va structurer, négocier et mettre en œuvre un financement en dette sénior.

Notons que les fonds d’investissement, tout comme l’investisseur personne physique, peuvent venir en concours sur la partie dette, puisqu’ils peuvent souscrire des obligations (comportant des primes de non-conversion au capital) finançant le rachat de la société cible.

La dette peut prendre deux formes :

  • amortissable : en général sur 6 ou 7 ans. Elles sont remboursées à hauteur de 1/6 ou 1/7 à chaque date anniversaire de la libération de la dette.
  • in fine: ce type de dette se rembourse intégralement à la maturité finale et est bien sûr plus risqué (le risque de la banque ne baisse pas chaque année) et donc plus cher.

 

Comme on peut le constater, le LBO repose sur plusieurs paramètres : une structuration du rachat constituée par une combinaison de fonds propres et crédit, une structuration juridique de la holding lors de la création et l’analyse du business plan de la société cible.

 

Rappelons que le montage est encadré d’un point de vue juridique par plusieurs textes et notamment par l’article L225-216 du code de commerce : « une société ne peut avancer des fonds, accorder des prêts ou consentir une sûreté en vue de la souscription ou de l’achat de ses propres actions par un tiers ». L’enjeux est d’éviter que tout ne repose sur la profitabilité de la cible et donc sur un montage artificiel.

 

Après une forte baisse depuis deux ans, on note une reprise du volume global des LBO. Les opérations de fusions-acquisitions, nommées en anglais « Mergers and Acquisitions (M&A) », désignant plus globalement l’achat d’une ou plusieurs sociétés par une ou plusieurs autres, sont considérées à l’échelle mondiale comme de retour en ce premier trimestre 2024, et notamment dans le domaine de la biotech. Cela laisse présager de beaux jours pour les LBO.

 

Auteur

Sabine Petitgirard  

Juriste Fiscaliste en Banque privée, Intervenante-formatrice à l’ESBanque pour le CESB Expert en Gestion de Patrimoine (diplôme RNCP Niveau 7, spécialisé en gestion de patrimoine).

Augmentation des taux d’intérêt : quelles conséquences sur les actifs patrimoniaux ?

Augmentation des taux d’intérêt : quelles conséquences sur les actifs patrimoniaux ?

Temps de lecture estimé : 10 min

Rédaction Web : JUST DEEP CONTENT

Placements de taux plus rémunérateurs d’un côté mais risque de valorisation et d’asymétrie de liquidité de l’autre. Point sur l’effet de la hausse des taux sur les actifs patrimoniaux.

 

Depuis début 2022, l’arrivée de l’inflation et le début de l’augmentation des taux d’intérêt par les banques centrales, les marchés entrent dans une nouvelle période, celle de la fin des taux d’intérêt négatifs et de l’abondance de liquidité.

Les différents actifs patrimoniaux réagissent différemment à cette hausse des taux. Les obligations retrouvent un regain d’intérêt après avoir accusé le coup l’année dernière. Les actions ont mal vécu l’annonce des réductions de liquidités mais parient aujourd’hui vers une modération de cette hausse des taux. L’immobilier commence à connaître des fragilités en raison de la restriction des conditions de financement. Les placements alternatifs tels que l’or ou les cryptomonnaies ont encore des comportements différents.

Mais si la hausse des taux se poursuit, l’ensemble de ces marchés doivent faire face à une pression baissière et pour certains d’entre eux (fonds immobiliers, fonds en euros, obligations de portage, activités bancaires), à un risque spécifique, celui de l’asymétrie de liquidité. Explications.

SOMMAIRE

  • Augmentation des taux d’intérêt : un marché obligataire plus attractif mais pas sans risque
  • Augmentation des taux d’intérêt : un risque de valorisation pour les marchés actions, immobiliers et les placements dits alternatifs (or, cryptomonnaies …)
  • Augmentation des taux d’intérêt : un risque de liquidité pour l’ensemble des marchés

 

Augmentation des taux d’intérêt : un marché obligataire plus attractif mais pas sans risque

 

La hausse des taux d’intérêt a permis au rendement obligataire de revenir en territoire largement positif mais induit également certains risques sur ce marché.

 

Effet de l’augmentation des taux d’intérêt : de meilleurs rendements obligataires

 

Après des décennies de taux d’intérêt négatifs et d’absence de rendement sur les marchés obligataires, la hausse des taux entamée en janvier 2022 marque un tournant et le retour de taux obligataires attractifs.

Au 31/03/2023, les obligations privées de catégorie BBB offrent ainsi un rendement de 4,6 % à 3-5 ans contre 3,4 % au 24/06/2022.

 

 

Cette augmentation des rendements redonne de l’attrait au marché obligataire et également aux placements de taux de durée plus courte tels les livrets et les comptes à terme.

Depuis début 2022 et particulièrement cette année, les émissions primaires présentent à nouveau des rendements rémunérateurs, devenant plus intéressants que le rendement moyen des dividendes d’actions. Les investisseurs qui n’avaient d’yeux que pour le marché actions, considéré comme seule alternative (le fameux TINA « There Is No Alternative ») pendant plus d’une décennie de taux d’intérêt négatifs, reviennent progressivement sur le marché obligataire.

 

Attention à ne pas confondre taux de rendement brut et taux de rendement réel :

L’accroissement des taux d’intérêt reste néanmoins la conséquence de celui de l’inflation. Le taux de rendement actuariel des obligations sont des taux bruts qu’il est nécessaire de corriger du taux d’inflation pour connaître le taux réel. Avec une inflation en zone euro de 6,9 % au 31/03/2023, le taux de rendement réel des obligations européenne notées BBB ressort à – 2,3 %, donc encore en territoire négatif.  Mais le raisonnement est le même pour les autres classes d’actifs, actions, immobiliers …

 

Augmentation des taux et risques pour le marché obligataire

 

L’augmentation des taux fait baisser mécaniquement le cours des obligations déjà émises. Les marchés fonctionnant dans l’anticipation, les seules prévisions de hausse des taux font baisser les cours obligataires.

Dès lors, l’investisseur qui acquiert des obligations pour leur rendement plus attractif s’expose à la baisse de valeur de son portefeuille si les taux poursuivent leur hausse.

Tant qu’il ne les vend pas, il s’agit d’une moins-value latente mais s’il a besoin de liquidité, il sera obligé de constater cette moins-value.

Si nous entrons dans une phase relativement forte d’augmentation des taux d’intérêt, les valorisations des marchés obligataires peuvent donc souffrir. Ceci a déjà été le cas l’année dernière avec une baisse significative des marchés obligataires dès les premières annonces de hausse des taux pour contrer l’inflation. Les marchés obligataires ont ainsi connu des pertes moyennes de 14 % en 2022.

Cette baisse significative s’explique par le fait que la hausse des taux est survenue brutalement sur un marché obligataire relativement haut après une longue période de taux négatifs.

La valorisation du marché obligataire est plus basse aujourd’hui mais toute augmentation future des taux continue à faire peser un effet baissier sur les obligations déjà émises. Tout dépend alors de l’ampleur de la hausse de taux. Si celle-ci reste inférieure au rendement de l’obligation, le placement restera en plus-value, certes avec un taux de rendement global plus bas en cas de cession avant le terme.

Si la hausse est beaucoup plus brutale, les portefeuilles obligataires déjà constitués peuvent alors présenter des moins-values nettes en cours d’investissement.

L’investisseur en obligations doit être conscient de ce risque. Pour le réduire, il est préférable d’avoir un horizon d’investissement long en accord avec la durée de vie des obligations sélectionnées et conserver ces obligations jusqu’à leur terme dans une stratégie de portage, dite « buy and hold ».

La sélection des signatures et de la solvabilité des entreprises emprunteuses reste également cruciale et plus particulièrement dans la période que nous connaissons. Une phase rapide de hausse des taux succède en effet à des décennies de taux d’intérêt négatifs et de forte liquidité sur les marchés. L’augmentation des taux peut rendre nettement plus difficile l’emprunt ou le remboursement de la dette à taux variable et peser sur un grand nombre de bilans d’entreprises. Dès lors, les critères de solvabilité des emprunteurs doit faire l’objet d’une exigence accrue.

 

Augmentation des taux d’intérêt : un risque de valorisation pour les marchés actions, immobiliers et les placements dits alternatifs (or, cryptomonnaies …)

 

La hausse des taux d’intérêt induit logiquement une pression baissière sur les autres marchés, actions, immobiliers ou placements alternatifs tels que l’or ou les cryptomonnaies.

 

Augmentation des taux : quels risques pour les marchés actions ?

 

Les marchés actions ont plusieurs moteurs :

  • Les anticipations de croissance des bénéfices des entreprises. L’accès facilité au crédit par la baisse des taux a été jusqu’ici un facteur important de soutien de l’espérance de croissance des bénéfices.
  • Le volume des investissements: le marché actions est aussi guidé par l’offre et la demande. Le surplus de demande par rapport à l’offre fait mécaniquement augmenter le cours des actions.

La longue période de taux négatifs, la facilité à laquelle il était possible d’emprunter, et l’abondance de liquidités induites ont accru la demande disponible et ont été jusqu’ici des catalyseurs à la hausse pour le marché actions.

  • La plus ou moins grande concurrence des autres marchés d’investissement. Les investisseurs recherchent les placements les plus rémunérateurs et présentant le meilleur rapport rendement / risque. La période de taux négatifs rendait le marché obligataire inintéressant alors que petit à petit le marché action est devenu quasi-incontournable, comme seule espérance de rendement. On a ainsi pu parler du fameux effet TINA pour « There Is No Alternative » pour qualifier le choix du marché action.

Dès lors, l’augmentation des taux d’intérêt crée l’effet inverse sur ce marché :

  • Les perspectives de bénéfices des entreprises tendent à se fragiliser du fait de l’accroissement du coût du crédit.
  • Le volume de liquidité disponible se réduit et crée une pression sur la demande.
  • Le marché obligataire redevient compétitif et l’effet « TINA » s’étiole.

La hausse des taux d’intérêt crée donc logiquement une pression baissière sur le marché action.

Si ce dernier a effectivement accusé une chute significative en 2022 (- 9,75 % sur le CAC 40, – 9,9 % sur le Dow Jones, – 20,4 % sur le S&P 500), il a néanmoins repris le chemin de la hausse dès janvier 2023 pour afficher des performances nettement positives (+ 14,46 % pour le CAC 40, + 7,29 % pour le S&P 500, + 1,62 % pour le Dow Jones du 01/01/2023 au 03/05/2023).

 

 

Force est de constater que la perspective de hausse des taux d’intérêt n’effraie plus pour l’instant les investisseurs actions, ces derniers visant une modération du rythme de la hausse des taux au fur et à mesure que le rythme de l’inflation pourrait décroître et que l’économie pourrait s’enrayer. Toute reprise significative du rythme de hausse relancerait néanmoins les facteurs baissiers.

 

Augmentation des taux : quelles conséquences sur le marché immobilier ?

 

Les taux d’intérêt sont centraux pour le marché immobilier en raison du recours à l’emprunt. Le crédit reste la principale source de financement du marché immobilier, que l’investisseur soit un particulier, une entreprise ou un institutionnel.

Là encore, la période de taux d’intérêt négatif a accru le recours au crédit pour l’investissement immobilier. Les conditions financières sont facilitées et l’effet de levier, c’est-à-dire la différence entre le rendement de l’investissement et le coût du financement, est accru. Il devenait contre-productif d’autofinancer l’investissement immobilier même lorsque l’on disposait de liquidités.

L’augmentation des taux d’intérêt conjuguée au resserrement des conditions d’octroi viennent freiner la demande depuis le début de l’année. Comme pour tout marché, si la demande baisse et que l’offre reste constante, les prix s’ajustent à la baisse.

La hausse des taux d’intérêt crée donc une pression baissière sur le marché immobilier.

A ce phénomène s’ajoutent également l’apparition de nouvelles contraintes réglementaires environnementales pesant sur les particuliers (avec des impossibilités de louer par exemple suivant les étiquettes de diagnostics énergétiques) mais également sur les entreprises et les promoteurs immobiliers dans les constructions neuves. Ces nouvelles obligations renchérissent le coût de revient de l’investisseur immobilier (dans la construction ou par la nécessité de travaux) pesant également sur le marché.

 

Accroissement des taux et placements dits alternatifs (or, cryptomonnaies …)

 

Les placements dits alternatifs tels que l’or ou les cryptomonnaies ne sont pas producteurs de croissance et n’ont qu’un moteur de variation, celui de l’offre et de la demande.

Dès lors, l’augmentation des taux d’intérêt affaiblit le volume de liquidités disponibles et donc la demande et fait peser un effet baissier sur ces marchés.

Ceci s’est vérifié en 2022 avec une chute de capitalisation totale des cryptomonnaies de 64 %, soit plus de 1.500 milliards de dollars. La faillite de la plateforme FTX a accentué cette chute mais l’augmentation des taux d’intérêt des banques centrales a également accentué la réduction de la demande. Or le marché des cryptomonnaies y est très sensible.

Comme pour le marché actions, le marché des cryptomonnaies a retrouvé le chemin de la hausse en 2023 et de manière plus vertigineuse que le marché actions, le cours du bitcoin gagnant près de 66 % du 1er janvier au 3 mai 2023. Les perspectives de hausse plus modérés des taux mais surtout les risques de défaillance bancaires (avec la faillite de SVB) ont relancé l’intérêt pour les cryptomonnaies.

Le marché de l’or est aussi sensible au volume de liquidité et à l’équilibre de l’offre et la demande (avec notamment la demande des banques centrales et celle du marché indien) mais également :

  • au rendement du marché obligataire qui a toujours été un marché concurrent
  • à l’évolution des devises: une perspective de hausse de la valeur des monnaies pèse sur le cours de l’or.
  • au niveau de l’inflation car l’or a souvent eu un effet protecteur contre l’érosion monétaire.
  • aux risques et aux événements géopolitiques du fait de son caractère de valeur refuge.

La reprise de l’inflation ainsi que la guerre en Ukraine ont ainsi soutenu le cours de l’or en 2022 malgré la hausse des taux d’intérêt. Le cours de l’once d’or en euro s’est accru de 5,79 % en 2022. En 2023, cette hausse se poursuit (hausse de 6,5 % de l’once d’or en euro du 1er janvier au 3 mai 2023) dans un environnement géopolitique qui reste tendu (poursuite de la guerre en Ukraine …), un contexte toujours inflationniste et de montée de nouveaux risques (faillites bancaires).

 

Augmentation des taux d’intérêt : un risque de liquidité pour l’ensemble des marchés

 

La hausse des taux réduit les liquidités sur l’ensemble des marchés mais crée également des asymétries de liquidité et par là des risques d’illiquidité.

 

Réduction des liquidités disponibles et effet sur les marchés

 

La hausse des taux est un outil de lutte contre l’inflation par son action sur le pouvoir d’achat, donc sur l’économie. Le rehaussement des conditions de crédit freine en effet les demandes de financement et par là les liquidités.

La réduction des liquidités se traduit par une tendance à la baisse de la demande d’investissement sur l’ensemble des marchés, qu’il s’agisse du marché immobilier, actions …

Une réduction de la demande par rapport à l’offre pousse les prix à la baisse. La hausse des taux a donc un effet baissier sur les différences classes d’actifs, même si cette tendance ne se fait pas réellement sentir à ce jour. L’abondance de liquidités encore présentes sur les marchés et les espérances de modération de la hausse des taux soutiennent actuellement les marchés.

Mais la hause des taux fait d’ores et déjà ressurgir un risque quelque peu oublié depuis des années, celui des asymétries de liquidité.

 

Les risques spécifiques d’asymétrie de liquidité

 

L’augmentation des taux d’intérêt génère une contrainte spécifique sur les placements ou les activités financières qui offrent des possibilités de retrait à tout moment et qui parallèlement investissent à moyen ou long terme sur des actifs moins liquides.

Les fonds immobiliers (SCPI (Société Civile de Placement Immobilier), OPCI (Organisme de Placement Collectif Immobilier), sociétés foncières), les placements obligataires de portage ainsi que les fonds en euros mais aussi les activités bancaires elles-mêmes (investissant les dépôts de court terme de leurs clients à moyen ou long terme) fonctionnent sur ce principe.

La hausse des taux crée un risque spécifique sur ces secteurs :

  • L’augmentation des taux d’intérêt peut pousser les clients à rechercher d’autres placements plus rémunérateurs. Les clients des fonds en euros par exemple peuvent préférer en sortir pour investir sur des obligations au taux de rendement plus élevé. Les clients des banques peuvent réduire leurs dépôts pour investir sur des titres de créances ou obligations devenant plus rémunérateurs.
  • L’augmentation des taux d’intérêt peut également obliger les clients à retirer leurs fonds pour faire face à de nouvelles charges financières. Ceci a été le cas des entreprises du secteur de la tech qui ne disposaient plus début 2023 des mêmes possibilités de levée de fonds et qui ont fortement, et brutalement, retiré leurs liquidités déposées dans la banque américaine SVB.

S’ils n’ont pas les liquidités suffisantes pour régler ces retraits, les fonds ou établissements doivent alors vendre une partie de leurs actifs investis à moyen ou long terme. Or ces actifs peuvent avoir perdu de la valeur du fait de la hausse des taux elle-même. Les prêts bancaires à taux fixe comme les obligations perdent de la valeur si les taux augmentent. Il peut être difficile également de vendre ces actifs qui ne trouvent pas preneur sur les marchés, les investisseurs préférant les placements nouvellement émis à des taux plus élevés.

Ces fonds et établissements s’exposent alors à un risque de perte en vendant leurs actifs de bilan en moins-value ou à un risque de liquidité s’ils ne peuvent les vendre. Ce risque peut aller jusqu’à la faillite comme dans le cas de la banque SVB.

Ces fonds et établissements sont ainsi exposés à un risque d’asymétrie de liquidité. Ils sont en quelques sortes pris en ciseau entre une demande de liquidité à court terme et un manque de liquidité voire une illiquidité sur les actifs de moyen et long terme.

La gestion de ce risque repose alors sur la maîtrise des demandes de retrait afin que celles-ci restent limitées et n’arrivent pas en masse. La confiance des investisseurs devient alors le point clé.

 

Auteur

Anne Brouard

Ingénieur patrimonial et fondateur de JUST DEEP CONTENT, agence de contenu spécialisé en gestion de patrimoine, Intervenante-formatrice pour le CESB Expert en Gestion de Patrimoine, diplôme RNCP Niveau 7

Obligations : qu’est-ce que la stratégie « buy and hold » ?

Obligations : qu’est-ce que la stratégie « buy and hold » ?

Temps de lecture estimé : 9 min

Rédaction Web : JUST DEEP CONTENT

Les stratégies obligataires « buy and hold » sont revenus au goût du jour avec l’augmentation des taux d’intérêt.
De quoi s’agit-il ? Quels sont les principes et les risques ?

 

Dans un environnement de taux bas et même négatifs à court terme depuis 2014 en zone euro, les stratégies obligataires ont été quelque peu délaissées au profit des investissement en actions.

Le rendement des obligations est en effet dépendant du niveau global des taux d’intérêt du marché et donc des taux directeurs des banques centrales.

Toute la période de baisse des taux entamée depuis le début des années 1980 et accentuée à partir de 2014 a pu être intéressante d’un point de vue obligataire compte tenu de la hausse des cours. En effet, si les taux d’intérêt baissent, mécaniquement les cours montent.

 

 

Mais une fois cette baisse des taux achevée, le maintien de leur niveau relativement bas est devenu beaucoup moins propice à l’investissement obligataire.

Ces taux bas ont permis aux agents économiques (ménage, entreprises, Etats) de se financer à des coûts relativement faibles.

Parallèlement, les prêteurs, banques mais aussi émetteurs obligataires, étaient peu rémunérés. L’investisseur en obligations achetant le titre obligataire à l’émission ou en cours de vie recevait en tant que prêteur une maigre rémunération, compte tenu du faible niveau des taux d’intérêt (Taux à 10 ans (OAT Obligation Assimilable du Trésor) en France à 0 % au 30 novembre 2021).

A l’inverse, le marché actions a bénéficié de ces taux d’intérêt relativement bas et il a été privilégiés par les sociétés de gestion, fonds d’investissement et particuliers. Même les investisseurs institutionnels se sont quelque peu détournés du marché obligataire et ont recherché à indexer leurs actifs sur le marché actions en se protégeant de la volatilité soit par des supports dits structurés ou via le Private Equity.

La hausse des taux d’intérêt que nous connaissons depuis janvier 2022 commence à changer la donne et à redonner un nouvel intérêt aux obligations.

Les taux à 10 ans en France sont en effet passés de 0 % fin 2021 à 3 % en janvier 2023 et les rendements des obligations d’entreprises les mieux notées dites Investment Grade (notations Standard & Poor’s entre AAA et BBB-) sont en moyenne de 4 % dans la zone euro début janvier, commençant à offrir des rémunérations plus intéressantes.

Les investisseurs deviennent ainsi plus sensibles au rendement du marché obligataire, puisque celui-ci est plus rémunérateur qu’auparavant.

Pressentant ce nouvel intérêt, de nombreuses sociétés de gestion ont saisi les opportunités de hausse de taux pour créer des fonds d’investissement obligataire dits « Buy and Hold ».

De quoi s’agit-il et quels sont les effets de la hausse des taux sur cette stratégie d’investissement ?

 

SOMMAIRE

  • Buy and hold : une stratégie d’investissement dite passive
  • La stratégie Buy and Hold dans un contexte d’augmentation des taux d’intérêt

 

Buy and hold : une stratégie d’investissement dite passive

 

L’investissement « buy and hold » peut sembler une stratégie de conservation passive. Il nécessite pour autant une sélection obligataire rigoureuse et un suivi permanent.

 

 

Buy and hold : le principe

 

La gestion « buy and hold », littéralement « acheter et garder », consiste à acheter des titres obligataires dans l’objectif de les conserver jusqu’à leur échéance. On parle aussi de fonds obligataire à échéance ou fonds obligataire daté.

Cette stratégie permet :

  • de percevoir les coupons obligataires pendant la période d’investissement dite de portage.
  • de réaliser éventuellement une plus-value si l’obligation a pu être achetée à un cours plus bas que celui de son émission et donc de son échéance, la plupart des obligations étant remboursées à leurs prix d’émission. Il est possible de bénéficier également d’une prime de remboursement si celle-ci est prévue au contrat obligataire (remboursement à un prix plus élevé que celui de l’émission).

Ce type de gestion est à différencier des stratégies dites actives qui vont régulièrement acheter et vendre des obligations à la recherche de rendement et de plus-values, se basant sur des perspectives d’évolution des taux par durée ou sur l’amélioration de la situation financière des émetteurs.

 

 
Rendement et risques des obligations :

 

Le rendement d’une obligation se mesure de manière la plus simple par le rendement courant égal au rapport entre le coupon et le cours de l’obligation. Le rendement évolue donc dans le temps avec le cours de l’obligation.

De manière plus complexe et plus précise, on calcule également le rendement actuariel à l’échéance (yield to maturity) prenant en compte les coupons, la durée jusqu’au terme mais aussi le réinvestissement des coupons pendant la période d’investissement.

Les obligations sont soumises à plusieurs types de risques :

  • Le risque de défaut en cas de faillite de l’émetteur. Les agences de notation (Moody’s, Standard & Poor’s, Fitch) attribuent une cotation différente à chaque titre obligataire qu’elles analysent (de AAA pour les meilleures notations à D pour les plus mauvaises chez Standard & poor’s par exemple) et font référence dans le classement de solvabilité des émetteurs.
  • Le risque de variation des taux d’intérêt: si les taux du marché augmentent, les cours des obligations déjà émises baissent et inversement.
    On mesure ce risque par le taux de sensibilité de l’obligation (variation du cours de l’obligation pour la variation d’un point de base de taux d’intérêt) mais aussi par la duration (durée nécessaire pour que la rentabilité de l’obligation grâce aux coupons perçus et réinvestis au taux du marché ne soit plus affectée par une variation des taux d’intérêt). Une obligation zéro coupon qui ne distribue aucun intérêt pendant l’investissement a une duration égale à sa maturité (durée de vie). Une obligation qui distribue des coupons aura une duration d’autant plus grande que l’échéance est lointaine et que ses coupons sont faibles.
  • Le risque de liquidité: certains titres obligataires peuvent ne pas trouver acheteur en cas de vente, en raison d’un marché peu liquide.
  • Le risque de change: si l’obligation est émise dans une autre devise que celle de l’investisseur.

 

La stratégie « Buy and Hold » permet d’éviter le risque de variation des taux d’intérêt si les investissements sont conservés jusqu’à l’échéance mais les risques de défaut, de liquidité et de change, demeurent.

 

Buy and hold : l’importance de la sélection et de son suivi

 

La réussite des stratégies « Buy and Hold » reposent principalement sur leur sélection de titres obligataires.

Cette sélection est différente selon le type d’investisseur concerné :

  • les investisseurs institutionnels privilégient les obligations les moins risquées : obligations souveraines (d’État) les mieux notées ou obligations sécurisées.
  • les investisseurs privés recherchent un rendement plus élevé : les gérants « Buy and Hold » sélectionnent alors des obligations d’entreprises dites Investment Grade (IG) pour les obligations privées les moins risquées (notées AAA à BBB- par Standard & Poor’s) ou High Yield (HY) pour les plus risquées (notées BB+ à D).

Le rendement moyen des obligations Investment Grade en Europe est passé de 0,62 % en décembre 2021 à 3,81 % en novembre 2022. Cette augmentation de taux explique le renouveau d’intérêt que peut connaître cette classe d’actifs.

Les obligations High Yield affichent un rendement de 9 % au niveau mondial en janvier 2023. Elles présentent un rendement plus élevé mais un risque de défaut plus important. Elles sont donc recherchées dans les périodes de bonne santé économique pendant lesquels les taux de défaut moyens du marché sont relativement bas. Leur rendement mais aussi leur niveau de risque augmentent en période de récession.

Le niveau de taux de défaut du marché obligataire et les perspectives d’évolution de ces taux sont donc des éléments clés dans la sélection des stratégies « Buy and Hold ».

Le taux de défaut du marché Investment Grade est évalué à 0,14 % par Moody’s fin 2021. Sur le High Yield, Moody’s prévoit fin novembre 2022 un taux de défaut de 4,5 % sur 12 mois.

Ces taux de défaut sont également différents selon les zones géographiques. Le marché obligataire High Yield européen, composé essentiellement d’obligations notées BB, présente un taux de défaut plus faible que celui du marché américain.

 

La sélection de départ ne suffit pas toujours et il peut être nécessaire de vendre une obligation dont la qualité de l’émetteur se détériore afin de ne pas risquer un défaut de remboursement à terme.

Certaines stratégies, dites « Buy and Maintain », privilégient cette souplesse de gestion pendant la période d’investissement et ne vont pas hésiter à vendre certains titres obligataires avant l’échéance si elles anticipent un risque particulier. Ceci suppose d’acheter également de nouvelles obligations en remplacement, en conservant la durée d’échéance prévue pour la stratégie d’investissement.

 

 

La stratégie Buy and Hold dans un contexte d’augmentation des taux d’intérêt

 

La gestion obligataire « Buy and Hold » permet de bénéficier d’un rendement obligataire plus rémunérateur que par le passé du fait de la hausse des taux d’intérêt. Si cette hausse se poursuit, les stratégies « Buy and Hold » déjà investies peuvent néanmoins subir des baisses de valeur pendant la période de portage.

 

Buy and hold : un moyen de bénéficier d’un contexte de taux plus élevés

 

Les gestions obligataires « Buy and Hold » étaient quelque peu délaissées dans un univers de taux bas. L’augmentation des taux d’intérêt depuis début 2022 permet de constituer des portefeuilles obligataires de portage avec des rendements plus attractifs. Les fonds lancés récemment peuvent présenter ainsi un rendement brut annualisé à maturité de 8 % en investissant sur des obligations High Yield.

Ces stratégies peuvent ainsi devenir des concurrentes de la gestion actions dans le contexte actuel de hausse de la volatilité. Les rendements des obligations High Yield peuvent être proches de celui du marché actions tout en affichant une volatilité historique inférieure.

 

Source : AXA-IM

 

Comme pour tout rendement, il reste nécessaire de comparer les performances au taux d’inflation. Les taux d’inflation sont globalement plus élevés que les taux d’intérêt à ce jour et le rendement réel (rendement brut – taux d’inflation) des stratégies « Buy and Hold », notamment des plus prudentes, peut être négatif. Ces taux de rendement obligataires permettent néanmoins à l’investisseur de compenser une partie de l’inflation et le rendement réel peut par ailleurs augmenter si le taux d’inflation reflue avant l’arrivée du terme du portage.

 

Buy and hold : risque d’une forte augmentation des taux

 

Si les gestions obligataires « buy and hold » permettent de fixer un rendement de portefeuille à maturité, elles restent néanmoins sensibles à la hausse des taux d’intérêt pendant la durée du portage.

Si les taux continuent à augmenter alors que le portefeuille est constitué, la valeur du portefeuille baisse, l’augmentation des taux faisant mécaniquement baisser le cours des obligations déjà émises.

La conservation des obligations en portefeuille jusqu’à leur échéance permet néanmoins de percevoir le rendement escompté, en l’absence de défaut d’émetteur. En ce sens, le portage jusqu’au terme permet de ne pas subir la hausse des taux pendant la période d’investissement.

La stratégie « Buy and Hold » permet en quelques sortes d’affranchir le portefeuille des conséquences de la volatilité du marché à court terme.

Néanmoins, il serait faux de penser que la gestion « Buy and Hold » ne comporte pas ou peu de risque, à part celui de solvabilité des émetteurs.

Le risque de taux existe en cours de vie du portefeuille, comme nous l’avons vu, en cas de cession avant l’échéance. Il est difficile de s’engager sur une stratégie d’investissement à cinq ans ou plus en étant certain de ne pas avoir besoin de liquidité avant.

Aussi, de nombreux fonds « Buy and Hold » répondent à ce besoin de liquidité soit :

  • en le rendant possible : ceci suppose de conserver une poche de liquidité (pesant donc sur la performance et devant être suffisante) ou de couvrir le risque d’augmentation des taux (ce qui a également un coût réduisant le rendement).
  • en freinant les possibilités de rachat : par des frais de sortie dissuasifs avant l’échéance.

 

Il existe également un risque d’opportunité. Si les taux augmentent, il est possible de constituer de nouvelles stratégies « Buy and Hold » présentant des taux plus attractifs que les précédentes. L’investisseur peut avoir intérêt à étaler ses placements dans la durée si on anticipe une période relativement longue de hausse des taux.

Enfin, s’il est difficile d’anticiper le marché à court terme, souvent qualifié de pure spéculation, il est aussi moins aisé d’évaluer les risques à long terme dans un environnement changeant. Une augmentation des risques de défaut des émetteurs doit être prises en compte en cas de très forte récession.

 

 

La stratégie « Buy and Hold » doit, dans tous les cas, correspondre à un profil d’investissement spécifique.

Il est indispensable d’avoir le même horizon d’investissement que la durée de la stratégie « Buy and Hold ». L’investisseur ne doit pas y placer les sommes dont il pourrait avoir besoin avant l’échéance, même si le fonds reste ouvert au rachat, car le risque de taux reste présent en cours d’investissement.

Enfin, le portefeuille obligataire doit être suffisamment diversifié et privilégier la qualité des émetteurs.

Le rôle du conseil en investissement est central pour accompagner son client dans ces stratégies d’investissement.

 

 

Auteur

Anne Brouard    

Ingénieur patrimonial et fondateur de JUST DEEP CONTENT, agence de contenu spécialisé en gestion de patrimoine, Intervenante-formatrice pour le CESB Expert en Gestion de Patrimoine, diplôme RNCP Niveau 7

Bourse, crise sanitaire : ce qu’il faut savoir avant d’investir

Bourse, crise sanitaire : ce qu’il faut savoir avant d’investir

Temps de lecture estimé : 14 min
Depuis la Covid-19 et la chute brutale des marchés, de nombreux particuliers, débutants, achètent des actions en bourse. Mais on ne s’improvise pas investisseur.

Fin février 2020 naît une crise sanitaire sans précédent. La Covid-19 devient rapidement une pandémie, incitant la majorité des pays du globe à confiner la population. Cet arrêt brutal de l’économie met fin à la phase d’expansion que les marchés financiers poursuivaient jusqu’alors.

Les marchés boursiers vivent à ce moment l’une des plus fortes corrections depuis leur existence.

Cette forte baisse des marchés incite alors un grand nombre de particuliers, n’ayant jamais investi en Bourse, à se lancer pour profiter de cette opportunité d’effondrement des cours.

La possibilité d’ouvrir facilement un compte-titre par internet et d’y passer des ordres vient soutenir ce mouvement.

Aujourd’hui encore, les marchés continuent d’attirer ces investisseurs plus ou moins avertis.

Mais quels sont les critères à connaître avant de s’orienter vers la Bourse ? Quels sont les différents marchés, les supports, les indicateurs à prendre en compte ?

marchés boursiers : comment fonctionnent-ils ?

Avant de débuter sur les marchés financiers, il est indispensable de comprendre les supports d’investissement, les règles de marchés et la façon de passer un ordre.

connaître les supports : actions, obligations, etf, options …

Les supports d’investissement sur les marchés financiers sont nombreux. Nous aborderons ici les plus courants.

Les actions

Une action est un titre de propriété d’une partie de l’entreprise. Elle représente une part des capitaux propres et donc un droit sur l’actif net et sur le bénéfice de la société.

Une action a une durée de vie indéterminée. La sortie ne se fait pas par remboursement du titre à échéance précise mais lors de sa cession sur le marché.

Pendant sa durée de détention, l’action donne droit au paiement d’un dividende, si la distribution d’une partie du résultat a été décidée en assemblée générale.

Si l’investisseur attend une plus-value à la revente de l’action (différence entre le cours d’achat et de vente), la perception du dividende représente une part souvent significative de la performance totale.

Ainsi, la progression de l’indice Cac 40 sur 5 ans au 15/07/2020 sans tenir compte des dividendes a été de + 2,17 %. La performance de l’indice Cac 40 dividendes réinvestis (Cac 40 GR Gross Return) est de + 19,61 % sur la même période.

Certains titres comme les sociétés foncières cotées par exemple sont connus pour distribuer des dividendes significatifs.

Cette distribution de dividendes, même si elle peut paraître régulière dans le temps pour certaines actions, n’est pas un droit acquis comme peuvent l’être les coupons d’obligations (voir ci-après).

Enfin, le dividende peut être payé en espèces ou en actions de la société.

Dans la crise boursière actuelle, de nombreuses sociétés ont décidé de ne pas distribuer ou de payer le dividende en actions afin de préserver leur trésorerie.

Les obligations

Une obligation est un titre négociable représentant la part d’un emprunt lancé par un gouvernement, une collectivité locale, une entreprise ou une institution financière.

Ces titres de créances sont émis sur le marché primaire et s’échangent librement sur le marché secondaire.

Le détenteur d’une obligation prête une somme et reçoit chaque année à la même date le versement des intérêts liés à cet emprunt. C’est ce que l’on appelle le coupon.

À l’échéance, le prêteur (l’acheteur de l’obligation) est remboursé du montant prêté (le nominal). Il peut dans certains cas bénéficier d’une prime de remboursement.

Le taux d’intérêt de l’obligation, à partir duquel est calculé le coupon annuel, dépend de la durée de l’emprunt et de la qualité de l’émetteur. S’il est jugé risqué de prêter à une entreprise ou à un État, le taux d’intérêt est plus élevé, rémunérant ainsi le risque pris par le prêteur.

Le risque obligataire fait l’objet d’un suivi et d’une notation par des agences spécialisées (Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch).

Après son émission, l’obligation est cotée sur le marché secondaire et son cours va donc varier. Le prêteur peut vendre l’obligation avant son échéance à ce cours de marché, tout comme un acquéreur peut l’acheter après son émission.

L’évolution du cours de l’obligation va dépendre de la durée de vie restante de l’obligation mais également de l’évolution des taux d’intérêt sur le marché. Si la société émet une nouvelle ligne d’obligations à un taux d’intérêt plus élevé, ces nouveaux titres davantage rémunérés vont être recherchés par l’investisseur. Le cours des anciennes obligations émises baisse.

Les marchés obligataires primaires ou secondaires sont difficilement accessibles aux particuliers. Ils nécessitent souvent des montants initiaux d’investissement élevés et leur mode de fonctionnement est également réservé aux professionnels.

Les particuliers investissent donc principalement sur ce marché via des fonds dits OPC (Organismes de Placement Collectif).

Les OPC

Les OPC (Organismes de Placement Collectif) constituent une catégorie de produits financiers qui regroupe les SICAV (Sociétés d’Investissement à Capital Variable) et les FCP (Fonds Communs de Placement).

La différence entre SICAV et FCP est essentiellement juridique : la Sicav est une société anonyme, le FCP est une copropriété de valeurs mobilières. Les épargnants qui ne souhaitent pas investir directement leur argent en bourse en titres vifs peuvent investir sur ces fonds.

Le travail de gestion du portefeuille de titres est donc confié à un gérant d’OPC. On parle de gestion collective. Les OPC ont un profil d’investissement défini et sont classés selon la famille de titres dans lesquels ils sont investis : OPC Actions, OPC obligataires, OPC monétaires

Leur cours évolue au quotidien mais en général ne fait pas l’objet d’une cotation en continue. On parle de fixing : le cours du jour est fixé à une heure donnée et ne varie pas jusqu’à la prochaine cotation.

Les Trackers ou ETF

Les ETF (Exchange Traded Funds), que l’on appelle parfois aussi des Trackers, sont des fonds visant à répliquer l’évolution d’un indice boursier.  Ils sont utilisés dans la gestion dite passive, visant à tirer profit des grands mouvements de marché.

Ils sont cotés en continu et négociés en bourse de la même façon qu’une action.

Les méthodes de réplication de l’indice peuvent être différentes mais ils ont nécessairement le même objectif : répliquer à la hausse et à la baisse l’évolution d’un sous-jacent (indice ou actifs).

Par exemple, si l’investisseur achète un ETF sur indice CAC 40 et que l’indice CAC 40 baisse, la valeur de l’ETF baisse dans la même proportion.

Certains ETF comportent un effet de levier permettant d’accroître les variations par rapport à l’indice et donc les performances potentielles. Ils ne sont pas recommandés à l’investisseur débutant.

Les options : call et put

Les options sont des contrats d’achat (call) ou de vente (put) d’un actif dit sous-jacent (qui peut être une action mais aussi un indice ou tout autre support boursier).

L’option permet d’acheter à un prix fixé à l’avance (dit prix d’exercice ou strike) une action à une date donnée quel que soit le cours en bourse de cette action à cette date. Le détenteur de l’option a le choix de l’exercer ou pas à terme.

Ainsi dans le cas d’une option d’achat, si le cours de l’action est supérieur au prix fixé (strike) dans le contrat d’option, le détenteur de l’option a intérêt à l’exercer. Dans le cas contraire, il n’exécute pas l’option et n’aura perdu que le prix d’acquisition (dit prime) de cette dernière.

L’acquéreur de l’option a le choix de l’exercer ou pas. Le vendeur subit ce choix et doit s’exécuter (livrer ou acheter les actions) selon la décision du détenteur de l’option.

Le marché des options (En France, MONEP, Marché des options négociables de Paris) n’est en principe utilisé que par les investisseurs professionnels.

Basé sur le même principe, il existe également des supports optionnels accessibles aux particuliers avertis :

  • Les Turbo call ou Turbo Put. Ils permettent de réaliser une plus-value entre le cours du titre sous-jacent et le prix d’exercice (strike) accrue par un effet multiplicateur dit effet de levier. A la différence des options classiques, ils perdent tout effet si un certain cours est atteint (barrière désactivante) souvent fixé au prix d’exercice. L’acquéreur du Turbo call ou Turbo Put perd alors le prix d’acquisition de ce support.
  • Les warrants. A la différence des Turbo qui peuvent être exercés à tout moment pendant la vie du support, le warrant ne peut être exécuté qu’à son échéance.

Techniquement, l’ensemble de ces supports s’achètent et se vendent via un compte-titre par lequel ils sont détenus.

Point fiscalité

Dans un compte-titre, les plus-values nettes des moins-values sont imposées au PFU (Prélèvement forfaire unique) au taux global de 30 % (CSG, CRDS et prélèvements sociaux inclus) ou intégrées au barème de l’IR (et imposées selon la tranche marginale d’imposition). Il est important de tenir compte de cette imposition dans le calcul de la performance nette.

Il est possible de réduire cette fiscalité en investissant via le PEA (Plan d’Epargne en Actions) ou l’assurance-vie. Ces deux enveloppes fiscales permettent de ne pas subir d’imposition tant que les actifs y restent logés : les plus-values de gestion ne sont donc pas imposées annuellement.

Ces deux enveloppes offrent également une fiscalité avantageuse en cas de retrait après 5 ans pour le PEA et 8 ans pour l’assurance-vie. La contrepartie de ces avantages fiscaux est une limite dans les choix d’investissement : actions européennes pour le PEA, tout support pour l’assurance-vie mais sans possibilité de gérer soi-même en titres vifs (actions en direct par exemple).

Ces supports ont tous pour particularité d’être côtés sur les marchés boursiers où ils sont inscrits. Il est nécessaire de connaître les règles de fonctionnement de ces marchés.

les différents marchés : euronext, alternext, nyse, nasdaq…

Il existe plusieurs types de marché et leurs règles de fonctionnement diffèrent.

On distingue ainsi :

  • Les marchés réglementés régis par des règles strictes concernant :
    • les conditions d’introduction des sociétés (au minimum 25 % du capital doit être côté) et d’opération sur capital (OPA Offre Publique d’Achat, OPE Offre Publique d’Echange …).
    • l’information et la publication régulière des résultats des entreprises cotées.

Ces grands principes sont contrôlés par un régulateur boursier : en France, l’AMF (Autorité des Marchés Financiers).

Sur ces marchés, une chambre de compensation sécurise la livraison des titres entre l’acheteur et le vendeur quant à leur paiement.

La gestion est confiée à une entreprise de marché spécialisée : NYSE Euronext pour la France par exemple.

Les sociétés cotées sur le marché réglementé sont souvent classées par taille de capitalisation.

Capitalisation = nombre de titres émis sur le marché x cours du titre

Classement des sociétés cotées sur Euronext :

CompartimentTaille de capitalisation des sociétés
Compartiment ACapitalisation > 1 Milliard €
Compartiment B150 Millions € < Capitalisation < 1 Milliard €
Compartiment CCapitalisation < 150 Millions €

  • Les marchés régulés : leurs règles de fonctionnement sont beaucoup plus souples. Ceci facilite l’introduction en Bourse des sociétés mais diminue la sécurité de l’investisseur et peut également réduire la liquidité des titres.

    Parmi ces marchés, on peut citer :

    • Le Marché libre (Euronext Access depuis le 19 juin 2017) plus facile d’accès pour les PME (petites et moyennes entreprises). La contrepartie est une plus faible protection des capitaux des investisseurs.
    • Les marchés de gré à gré (aussi appelés OTC Over The Counter) : ne sont ni réglementés, ni régulés. Acheteur et vendeur sont en contact et peuvent négocier.
      Les transactions se déroulent bilatéralement (entre deux banques). Les règles de fonctionnement des échanges sont fixées par les acteurs et ne sont pas régies par l’intervention d’une chambre de compensation ou d’une agence de régulation.

C’est un marché essentiellement destiné aux investisseurs institutionnels.

On classifie également les marchés selon le mode de livraison et de paiement des titres :

  • Le marché au comptant (aussi appelé marché spot) est celui sur lequel les actifs négociés font l’objet d’une livraison et d’un règlement instantanés. Les marchés au comptant concernent les actions, devises, or, matières premières, etc.
  • Le marché à terme ou dérivé où la date de transaction sur les actifs n’est pas la même que la date de paiement. Ces marchés principalement ceux des produits dits dérivés: Futures ou contrats à terme, options…

Attention : il existe sur les marchés au comptant comme Euronext par exemple une possibilité de livraison et de paiement des titres reportée à la fin du mois boursier et non lors de la transaction. Ce Système de Règlement Différé (SRD) n’en fait pas un marché à terme. Les dates de livraison et de règlement sont différées par rapport à la date de l’opération mais elles restent simultanées et non décalées l’une par rapport à l’autre.

Les marchés permettent donc l’échange de titres avec un niveau de règlementation plus ou moins renforcé.

Il est également nécessaire de connaître les façons de passer les ordres d’achat et de vente sur les marchés.

quel ordre passer en bourse : au marché, à cours limite… ?

Une fois les différents types de supports connus ainsi que les règles de fonctionnement de leur marché, il est indispensable pour l’investisseur en direct (qui ne délègue pas la gestion) de savoir passer un ordre en bourse.

Suivant sa stratégie mais surtout selon la liquidité du titre, l’investisseur choisit le type d’ordre le plus adapté :

L’ordre au marché ou au mieux

L’ordre au marché permet d’acheter ou de vendre une quantité de titres sans limite de prix.

L’avantage de ce type d’ordre est qu’il est exécuté immédiatement et intégralement (si le nombre de titres est suffisant). Il est également prioritaire sur les autres types d’ordre.

En contrepartie, l’investisseur ne sait pas à quel cours il sera exécuté. Si le titre n’est pas très liquide, l’investisseur peut être exécuté à un prix très différent du dernier cours coté.

Exemple

Cours de l’action A : 97,2 €

Carnet d’ordre de l’action A :

Nombre d’ordresQuantitéCours AchatCours VenteQuantitéNombre
1109697,242
21495,897,481
1395,497,8101

Si l’investisseur passe un ordre de vente de 2 Actions A au marché, il est exécuté au cours de 96 € et non au cours affiché de 97,2 € compte tenu du carnet d’ordre. La vente au mieux se réalise au meilleur cours pour le vendeur affiché à l’achat.

Plus l’action est liquide, plus les volumes sont importants et les cours à l’achat et à la vente proches.

L’ordre à cours limité

L’investisseur fixe le prix minimum d’exécution (pour une vente) ou le prix maximum (pour un achat).

L’investisseur connaît donc le prix de la transaction mais ne sait pas quand, et si, son ordre sera exécuté partiellement ou intégralement.

On détermine une période de validité pour ce type d’ordre : validité jour, fin de mois boursier par exemple.

L’ordre à la meilleure limite

L’ordre à la meilleure limite est différent de l’ordre à cours limité : il s’exécute au prix proposé par le meilleur acheteur ou le meilleur vendeur sans que l’investisseur ne fixe un prix limite d’achat ou de vente.

À noter : s’il est exécuté en partie, l’ordre à la meilleure limite se transforme en ordre à cours limité pour les titres restants.

Ordre à seuil de déclenchement

L’investisseur détermine un prix dit « seuil » à partir duquel l’achat ou la vente est transmis(e) au marché sous forme d’un ordre au mieux.

Pour un achat, le seuil doit être supérieur au dernier cours de bourse et lors d’une vente, il doit être inférieur au dernier cours.

L’ordre à seuil permet de réagir rapidement en cas de variation importante du marché mais il comporte le risque d’un prix d’exécution inconnu pouvant être éloigné du seuil fixé.

Ordre à plage de déclenchement : combine un ordre à seuil de déclenchement fixant le prix à partir duquel l’ordre est passé et un ordre à cours limite permettant de ne pas être exécuté au-delà, ou en deçà, d’un certain cours.

quels indicateurs boursiers et outils d’analyse suivre ?

les ratios de valorisation : le per (price earning ratio)

Le marché boursier crée par nature un prix des actions distinct de la valeur économique de ces titres.

Le cours d’une action en Bourse dépend de l’offre et de la demande sur ce titre, ces tendances étant elles-mêmes fonction de l’anticipation des investisseurs.

Dès lors apparaît une distorsion inévitable, à la hausse ou à la baisse, entre le cours de l’action et sa valeur économique liée aux paramètres comptables de la société.

Pour mesurer ce rapport entre valeur boursière et valeur économique, on utilise plusieurs ratios dont le principal est le PER (Price Earning Ratio).

Le PER est égal à la capitalisation boursière de la société divisée par son bénéfice net.

On peut aussi le calculer comme le rapport entre le cours d’une action sur le bénéfice net par action (BNA) de la société, ce qui revient au même résultat.

Le PER indique ainsi combien les investisseurs sont prêts à payer pour un euro de bénéfice. Il est aussi appelé “multiple” d’une action et s’exprime en nombre de fois ou X. Un PER de 20 X signifie que le cours de l’action est égal à 20 fois les bénéfices nets par action de la société.

Le PER est calculé annuellement et également en estimation sur les bénéfices des années à venir.

Un PER qui augmente signifie :

  • que le cours de l’entreprise s’accroît du fait d’anticipation positive des investisseurs
  • ou que le bénéfice par action baisse, ce qui n’est pas bon signe.

En général, le cours étant toujours une anticipation des résultats futurs de l’entreprise, un PER qui s’accroit correspond à une anticipation d’accroissement des bénéfices de la société et donc de son cours.

Le PER est donc difficile d’interprétation en lui-même.

Les analystes utilisent surtout les comparaisons :

  • de PER d’une année sur l’autre pour la même société.
  • entre le PER d’une société et celui des autres sociétés du même secteur. Si une entreprise dispose d’un PER supérieur à la moyenne de son secteur, cela signifie que le marché attend un bénéfice de cette société plus important que celles de ses concurrents. Cette société est alors considérée comme chère mais cette valeur est justifiée par les attentes du marché. Le tout est de savoir si cette tendance va se poursuivre.

les mesures du risque : la volatilité

La performance et le rendement sont les contreparties de la prise de risque. Plus un titre est risqué, plus le potentiel de performance est important.

Mais comment mesure-t-on le risque ?

Pour l’investisseur, outre le risque de liquidité théoriquement faible sur les marchés réglementés et de non-remboursement (pour les obligations principalement), le principal risque pris au quotidien est la variation importante des cours.

L’intensité de cette variation est mesurée par la volatilité.

La volatilité se calcule en comparant :

  • les performances du titre à une fréquence donnée (quotidiennement, hebdomadairement..)
  • la moyenne de ces performances sur une période définie.

On mesure ainsi l’écart existant entre chaque rendement constaté et la moyenne de ces rendements. Plus l’écart est important, plus le cours subit des variations importantes et plus la volatilité est élevée.

Statistiquement, la volatilité se définit comme un écart-type. On calcule la racine carrée de la variance de dispersion des rendements par rapport à leur moyenne.

Les titres les plus recherchés sont ceux qui offrent le plus de performance par rapport à leur niveau de volatilité.

le rendement et le dividende

Comme nous l’avons vu, le dividende distribué peut constituer une partie importante de la performance.

On mesure donc le rendement de chaque action. Il s’agit du rapport entre le dividende distribué et le cours de Bourse.

Lorsque les politiques de distribution sont généreuses comme ces dernières années avant la crise sanitaire, le rendement du titre devient un critère particulièrement suivi. Certains gérants en font même leur objectif de gestion.

La notion de rendement doit néanmoins être analysée avec précaution. Le dividende pris en compte est celui de l’année passée (dans le cas contraire, il s’agit d’une espérance de rendement). Le ratio calculé dépend également du cours. Suivant la date de calcul, le taux de rendement peut être très différent.

l’analyse fondamentale, l’analyse technique et graphique

Afin de prendre leurs décisions d’achat ou de vente, les investisseurs se basent sur différentes méthodes d’analyse des titres :

L’analyse fondamentale

Cette analyse est basée sur les données comptables et économique de l’entreprise. On analyse les ratios comptables (chiffre d’affaires, Excédent Brut d’Exploitation (EBE), résultat net, endettement, capitaux propres, trésorerie…) passées et leurs estimations futures (particulièrement en termes de capacité de génération de flux de trésorerie ou cash-flow).

L’analyse fondamentale étudie également le positionnement de l’entreprise par rapport à la concurrence ainsi que les facteurs internes et externes pouvant avoir un impact sur l’activité.

Des fondamentaux qualitatifs sont également pris en compte dans l’analyse, il s’agit de critère extra-financiers (stabilité et qualité du management, brevets, impact écologique ou social …).

L’analyse graphique et technique

L’analyse graphique est fondée sur l’étude des courbes des cours passés et l’anticipation des tendances futures à partir d’indicateurs spécifiques.

Lorsque le cours du titre franchit certains seuils techniques comme une moyenne mobile, une droite de support ou une droite de résistance, un mouvement à la hausse ou à la baisse est alors susceptible d’être détecté.

Cette analyse est souvent complétée par l’analyse technique qui se base sur les prix et les volumes. Ces données sont utilisées pour calculer certains ratios comme le RSI (Relative Strengh Index) permettant de repérer des périodes de sur-achat ou de sur-vente.

Ces analyses sont souvent employées lors de prise de position court terme sur des actions ou d’investissements plus spéculatifs comme les options (warrants, options binaires ou CFD Contract For Difference).

C’est également un très bon complément de l’analyse fondamentale lors d’investissements à moyen long terme sur les marchés.

 

Investir sur les marchés suppose donc la connaissance d’un certain nombre de règles de base. Ce type d’investissement nécessite également :

  • une bonne compréhension du rapport rendement / risque et de celui qu’on est prêt à accepter.
  • une bonne connaissance de l’environnement économique et de ses impacts sur les sociétés et les marchés.
  • un horizon d’investissement à long terme sur les actifs investis. Il est important de toujours conserver une épargne liquide permettant de faire face à certains imprévus.
  • du temps à y consacrer d’autant plus si on réalise soi-même la gestion et le suivi.

Reste la question de l’irrationalité des marchés, de leur décorrélation avec l’économie réelle que l’on décrie d’autant plus actuellement qu’ils ont connu un fort rebond depuis le point bas de la crise.

Il faut ici comprendre la « psychologie » des marchés et donc des investisseurs professionnels : le marché anticipe toujours les résultats économiques à venir. Le rebond depuis la mi-mars en témoigne.

Par ailleurs, les marchés ont besoin de repères pour maintenir leur tendance. Ces derniers manquant actuellement, ils oscillent entre signe de reprise économique et risque de résurgence du virus.

Le particulier qui ne tiendrait pas compte de ces éléments et qui investirait dans la seule idée de saisir des opportunités après la baisse du marché s’expose à des déconvenues, particulièrement à court et moyen terme. Le conseiller en gestion de patrimoine a ici une mission de conseil mais aussi un rôle pédagogique auprès de son client.

 

Sources :

Auteurs
Anne Brouard et Sébastien Bucher 

Anne Brouard est Intervenante-formatrice pour le CESB CGP, diplôme RNCP Niveau 7, spécialisé en gestion de patrimoine
Sébastien Bucher est diplômé du CESB-CGP 

Produits structurés : pourquoi une telle croissance ?

Produits structurés : pourquoi une telle croissance ?

Temps de lecture estimé : 11 min

Rédaction Web : JUST DEEP CONTENT

Les produits structurés sont plébiscités par les gestionnaires d’actifs. Pour quelles raisons ? Quels en sont les avantages, les risques ? Quelle tendance pour 2022 ?

 

Développés dans les années 1980, les produits structurés ont progressivement pris place dans les allocations de portefeuille.

Ces supports offrent un rendement calculé en fonction d’un actif de référence, dit sous-jacent, tout en protégeant ou garantissant le capital investi. Leur objectif est ainsi d’optimiser le rapport performance/risque. Ces produits sont construits sur mesure à partir de la combinaison de plusieurs supports financiers (obligations, dérivés, swaps…).

L’univers de taux d’intérêt faible voire négatifs que nous connaissons depuis la crise financière de 2008 a nécessité la mise en place de nouvelles stratégies de structuration de ces produits, mais n’en a pas fait perdre pour autant l’attrait. Les produits structurés sont particulièrement recherchés dans un environnement de rendements obligataires bas.

Depuis 2020, dans un contexte de volatilité accrue et qui semble loin de se résorber, la part des produits structurés dans les allocations d’actifs augmente fortement.

Le point sur ces supports d’investissement au poids grandissant.

qu’est-ce qu’un produit structuré ?

Les produits structurés sont construits à partir de plusieurs supports financiers, d’où le terme « structuré », par un établissement bancaire ou financier dit « structureur ».

C’est en général le même établissement qui propose l’investissement sur ce produit sous forme d’émission ouverte au public.

L’objectif des produits structurés est d’obtenir un rendement calculé en fonction d’un actif sous-jacent (par exemple l’évolution du cours d’une action ou d’un indice), tout en garantissant totalement ou partiellement le capital investi.

Le rendement du produit est donc défini selon une formule déterminée lors de l’investissement.

Le remboursement total ou partiel du capital est prévu au terme d’une durée prévue dès le départ (entre 1 et 10 ans généralement) ou de manière anticipée à des dates annuelles fixées avant l’échéance finale du support.

Pour répondre à ces objectifs, leur construction nécessite la combinaison de supports produits financiers (actions, obligations, options , swap …).

La plupart des produits structurés se composent :

  • d’une partie obligataire : permettant de protéger ou garantir le capital à terme
  • d’une partie optionnelle, c’est-à-dire de produits dérives ou de swaps, afin de permettre la réalisation d’une performance et/ou de se couvrir selon certains scénarii de marché.

Grâce à cette combinaison de supports :

  • le rendement du produit structuré est prédéfini selon l’évolution du sous-jacent.
  • le capital est soit protégé, soit garanti à terme, selon l’évolution du sous-jacent également.

Exemple de produit structuré de type Phoenix Autocall

Devise : Euro

Code ISIN : XS1111111111

Émetteur : Banque des structurés

Notation de l’émetteur : A1 (Moody’s) ; A (S&P) ; A+ (Fitch)

Durée ou maturité : 2 ans

Fréquence : trimestrielle

Actif sous-jacent : indice DJ Euro Stoxx 50

Devise : Euro

Date de première constatation du niveau initial de l’indice, dite date de Strike : 23/11/2021

Niveau de l’indice : 4320,41

Coupon potentiel : 1,5 % par trimestre, soit 6 % par an

Barrière de coupon : 70 % du niveau initial de l’indice sous-jacent

Effet mémoire : Oui

Barrière de protection du capital : 70 % du niveau initial de l’indice sous-jacent

Barrière de remboursement anticipé : 100 % du niveau initial de l’indice sous-jacent

Principes de fonctionnement

Coupon :

A chaque date de constatation trimestrielle :

si l’indice sous-jacent clôture en-deçà de 70 % de son niveau initial, aucun coupon n’est versé.

  • si l’indice sous-jacent clôture à 70 % ou au-dessus de 70 % de son niveau initial :
    • paiement d’un coupon de 1,5 %
    • et effet mémoire : paiement des coupons trimestriels antérieurs si aux précédentes dates de constatation trimestrielle, le niveau de l’indice n’avait pas permis le paiement de coupon.

Remboursement anticipé :

A chaque date de constatation trimestrielle :

  • si l’indice sous-jacent clôture à son niveau initial ou au-dessus, le produit est remboursé par anticipation à 100 % du capital initial.
  • si l’indice sous-jacent clôture en-dessous de son niveau initial, le produit se poursuit.

Remboursement à maturité :

A la date de constatation finale :

  • si l’indice sous-jacent clôture à 70 % ou au-dessus de 70 % de son niveau initial :
    • remboursement du produit à 100 % du capital initial
    • paiement du dernier coupon trimestriel de 1,5 %
    • effet mémoire : paiement des coupons trimestriels antérieurs
  • si l’indice sous-jacent clôture en-deçà de 70 % de son niveau initial : le capital n’est plus protégé et le remboursement du produit est réalisé sur la base du capital initial multiplié par le niveau final de l’indice et divisé par son niveau initial.
     
    Le capital initial subit alors dans ce cas la performance négative de l’indice. Le souscripteur est dans la même situation qu’un investisseur qui aurait investi directement sur l’indice de référence sans protection de capital.

Les établissements structureurs cherchent à construire les produits structurés adaptés à la demande des investisseurs et offrant le meilleur rapport rendement/risque.

Par principe, plus la protection du capital est forte, plus l’espérance de rendement est faible.

Le produit ainsi construit par un établissement financier ou bancaire est émis soit sous forme d’un fonds de gestion collective (fonds à formule), soit sous la forme la plus fréquente d’un contrat obligataire de type EMTN (Euro Medium Term Note) ou TCN (Titre de Créance Négociable).

Les produits structurés peuvent être souscrits directement dans un compte titre ou au sein d’un contrat d’assurance-vie sous forme d’unité de compte, sachant que le produit devra être accepté par l’assureur, ce qui reste difficile. Ils sont imposés selon les règles fiscales propres à leur structure de détention.

Lors de la souscription d’un produit structuré, l’investisseur doit avant tout comprendre le produit. Il doit connaître :

  • L’émetteur du produit structuré et sa qualité de notation : la banque émet ce produit sous forme d’un contrat obligataire comme nous l’avons vu. L’investisseur encourt donc un risque de signature si l’établissement émetteur était amené à faire défaut.
  • La durée du produit et les possibilités de sortie anticipée : le produit ne prend fin qu’au terme prévu ou à certaines dates fixes selon l’évolution du sous-jacent. Si le souscripteur souhaite sortir du support à un autre moment, le produit peut éventuellement être revendu à un autre investisseur mais à un cours différent de l’émission, pouvant aboutir à une perte en capital. Dans tous les cas, l’investisseur ne peut retirer ses fonds quand il le souhaite et doit donc mesurer ce risque de liquidité.
  • Le type de sous-jacent utilisé : l’indexation de la performance du produit sur un panier limité d’actions est plus risquée que sur l’évolution d’un indice de marché.
  • Le risque de perte en capital : à terme, le capital est-il garanti par l’émetteur ou simplement protégé et auquel cas, jusqu’à quel niveau et selon quel scénario d’évolution du sous-jacent ?

L’ensemble de ces informations sont réunies dans le DICI (Document d’Information Clé pour les investisseurs) conformément aux règlementations de l’AMF.

Depuis 2020, le développement des produits structurés s’accroît significativement et le contexte de marché dans lequel nous pourrions entrer en 2022 devrait participer également à la poursuite de ce mouvement.

les produits structurés, une solution d’investissement dans un univers plus volatil ?

Le retour des principaux indices financiers mondiaux à des sommets historiques incite désormais les investisseurs à diminuer leurs niveaux de risques, d’autant que les pressions inflationnistes s’accroissent et que les risques de pandémie sont ravivés. En conséquence, le retour à des points hauts de marché peut conduire progressivement à une diminution du poids des actifs risqués au sein des portefeuilles, favorisant l’investissement en support structuré.

un environnement économique plus difficile en 2022

Les marchés financiers se sont très bien comportés en 2021 et au début de dernier trimestre avec un retour vers les points hauts des différents indices boursiers. Les bons résultats des entreprises, la poursuite des politiques accommodantes des banques centrales et la qualité de la plupart des chiffres économiques expliquent cette embellie. L’accentuation des risques inflationnistes et la reprise de la crise sanitaire commencent néanmoins à avoir un impact négatif sur les marchés.

Les actions américaines et les obligations d’État se sont ainsi redressées tout au long de la période après les nombreuses déclarations du président de la FED, Jerome Powell, indiquant qu’il allait diminuer progressivement les mesures de relance économique. Monsieur Powell a annoncé que la Fed avait réalisé le premier des deux objectifs qu’elle souhaitait atteindre, à savoir une inflation moyenne de 2% l’an. Le deuxième objectif, la hausse des emplois, n’est pas encore atteint mais des progrès sont réels.

Les derniers chiffres économiques montrent toutefois des signaux un peu moins euphoriques. Les États – Unis connaissent une inflation de 6,2 % sur un an à fin octobre. A la même date, en zone euro, l’inflation annuelle s’est établie à 4,1% en octobre.

Le réveil de l’inflation constitue un sérieux danger pour la stabilité des marchés financiers. Jerome Powell a dernièrement reconnu le risque d’une inflation finalement persistante.  La période de liquidités surabondantes touche certainement à sa fin, mais la magie du fameux TINA (there is no alternative) est toujours opérante. Traduction : pour l’instant en dehors de la Bourse point de salut pour les détenteurs de capitaux ! Les actions sont aujourd’hui selon les investisseurs le seul actif capable de procurer des rendements attrayants. En dépit de la hausse récente des taux d’intérêt, les emprunts d’état français à 10 ans ne rapportent que 0,22% l’an et le taux du Livret A est généreusement maintenu par les pouvoirs publics à 0,5%.

A ce risque, vient s’ajouter celui d’une reprise de la pandémie et de nouveaux variants, incluant de nouvelles inconnues quant à l’efficacité des vaccins disponibles. Les marchés actions ont pour la première fois depuis de nombreuses semaines accusé des baisses notables.

Dans ce contexte, que peux faire un investisseur individuel, institutionnel ou une entreprise, soucieux de faire fructifier son capital ? Dans un environnement qui va devenir un peu plus difficile en 2022 et une volatilité accrue, la thématique des produits structurés devrait poursuivre son développement.

D’un côté, le retour de la volatilité ne permet plus de rester pleinement investi comme ce fut le cas jusqu’à une période récente. De l’autre, il n’est pas non plus question de rester à l’écart d’un marché action qui paraît le seul à pouvoir performer.

D’après les dernières perspectives du FMI, en octobre, le taux de croissance de l’économie mondiale est revu à la baisse pour s’établir à 5,9 % en 2021 et 4,9 % en 2022.

Dans ce contexte plus difficile pour les investisseurs et de visibilité plus faible, la volatilité va demeurer élevée et les marchés devraient recevoir moins de liquidités des banques centrales, sauf à ce que la pandémie s’accélère.

Les prix des actifs et les variations de liquidité sont en général étroitement liés. La liquidité augmentant beaucoup plus lentement dans les mois à venir et l’année prochaine, cela signifie que les flux vers les actions seront ralentis, d’où un impact probablement négatif pour les marchés financiers.

Désormais, les investisseurs vont certainement s’inscrire dans une stratégie plus prudente. La situation économique et financière de 2022 devrait être en effet plus délicate : risque de reprise de la pandémie et de ralentissement de la croissance économique, risques d’inflation et question de la poursuite de la politique accommodante des banques centrales.

quelle typologie de produits structurés en 2022 ?

Les produits structurés devraient rester en 2022 un axe de développement important pour la gestion d’actifs. Dans un contexte de marché plus incertain, ils constituent une solution de placements alternatifs.

Evolution des produits structurés depuis 2000

Les produits structurés ont l’avantage de pouvoir être construits sur-mesure selon les objectifs recherchés par les investisseurs (perspectives anticipées de marché, rapport rendement-risque…) et sur de nombreux supports (actions, obligations, devises, indices, matières premières…).

Selon une étude de l’AMF menée de 2001 à 2018, l’usage des produits structurés est croissante en France surtout depuis 2016 en termes de nombres de produits commercialisés. Les volumes investis ont néanmoins eu tendance à baisser en 2018.

D’après d’autres statistiques publiées par la Société Générale, les volumes émis en 2019 et 2020 seraient restés stables, respectivement de de 12,3 et 10,3 Md€ avec 682 et 704 produits émis.

En 2021, on note une forte reprise à la fois du nombre de produits structurés émis et de volume investi. D’après les chiffres de la BNP, la collecte du marché français à fin août 2021 était déjà de 7,5 Md€ avec 1200 produits émis.

Cette année, la forte augmentation des volumes entre mars et août s’explique par les remboursements anticipés de produits lancés au cours des années précédentes et réinvestis dans de nouveaux supports structurés. 2500 produits ont été remboursés au cours du premier semestre 2021 avec des plus-values pour les investisseurs. La performance moyenne des produits remboursés a été comprise entre 6 et 7% l’an. Des produits lancés entre 2015 et 2018 ont été remboursés avec des plus-values de 30 à 40% alors que les marchés actions étaient stables ou en légère hausse sur la période d’investissement. Moins de 2,5% des produits ont eu une performance négative.

Ces performances attractives ne doivent pas néanmoins être généralisées. Il serait faux de croire que les produits structurés assurent ce rapport performance / risque dans toutes les conditions de marché.

Produits structurés et contexte de marché

Comme le note l’AMF dans son étude de janvier 2020, les produits structurés ont tendance à surperformer le marché action lorsque ce dernier est stable ou baissier.

Au contraire, lorsque le marché est nettement haussier, la performance moyenne des produits structurés reste inférieure aux indices. Ceci s’explique par les mécanismes de protection intégrés aux produits structurés jouant un effet favorable en cas de baisse mais défavorable en cas de forte hausse.

Dans un environnement de marché stable ou baissier, l’offre est essentiellement composée de supports structurés dits « autocalls » et « phoenix » (90% du total des produits). Sans entrer dans le détail de fonctionnement de ces produits, l’autocall a la particularité de proposer des coupons mémoires en cas de marchés stables tandis que le phoenix distribue des coupons en cas de marchés partiellement baissiers.

Ainsi, sur la période avril 2019 – mars 2020, période peu favorable pour les marchés financiers, les autocalls ont représenté 88% des produits sur cette période, pour une durée de vie moyenne de 1,34 an et un rendement annualisé moyen de 6,6%.

Ce type de supports devrait continuer à être recherché dans un contexte de marché devenant certainement plus baissier et volatile.

La performance des produits structurés dépend également de leur date d’émission. Les performances étant calculées sur la base de l’évolution de l’actif sous-jacent entre la date de lancement du support structuré et une date définie au contrat (date anniversaire et/ou terme du support), le moment de l’émission conditionne donc fortement la performance.

La volatilité : un avantage pour les produits structurés

Les produits structurés offrent un profil d’investissement relativement intéressant en période de stabilité et/ou de baisse des marchés actions. Ils sont donc naturellement recherchés lorsque le risque et la volatilité augmentent.

Parallèlement, l’accroissement de volatilité des marchés offre plus de possibilités de création de supports structurés. Comme nous l’avons vu, ces produits nécessitent pour leur construction l’achat mais aussi la vente de plusieurs types de supports dont des options.

En période de forte volatilité, le prix des options (dit prime) augmente. La vente d’option inhérente à l’élaboration des produits structurés se faisant à un niveau plus cher, le budget d’élaboration du produit est plus élevé. Ceci permet d’accroître la performance du structuré via l’achat d’autres supports optionnels.

Les actifs sous-jacents les plus utilisés pour la construction des produits structurés sont actuellement les indices de marché et les actions.

L’indice Euro Stoxx 50 reste l’indice de référence majoritairement utilisé sur le marché français, avec une nette émergence des indices dits « dividendes réinvestis » ou « Total Return » (auxquels il est souvent retranché un prélèvement forfaitaire).

On assiste aussi à la montée en puissance des structurés thématiques autour de l’ESG (Environnement Social Gouvernance), le climat, le luxe, la technologie, la santé, l’énergie et le secteur bancaire. On constate ainsi une baisse des émissions de produits basés sur les indices Eurostoxx 50 et CAC 40, le couple rendement risque étant jugé désormais assez peu attractif.

 

 

 

 

Les produits structurés devraient continuer à être plébiscités par les investisseurs en 2022.

Dans un environnement de taux bas et de volatilité, on comprend l’attrait qu’ils peuvent susciter auprès des investisseurs et gestionnaires d’actifs, compte tenu du rapport rendement / risque qu’ils ont présenté jusqu’ici dans ces contextes.

De par leur construction, ces produits ont néanmoins un fonctionnement qui peut être complexe à appréhender par l’investisseur. L’AMF dans son étude de janvier 2020 note une réduction du nombre de mécanismes utilisés dans l’élaboration des produits émis depuis 2010, mais en même temps un accroissement du nombre de scenarii couverts et de la complexité des actifs sous-jacents. Ce phénomène pourrait susciter des risques de contournement règlementaire.

Si ces produits présentent l’avantage final de diminuer le risque, l’investisseur et le conseil en gestion de patrimoine devront dans tous les cas bien vérifier la nature du produit et son niveau de risque avant de l’accepter ou le proposer dans une allocation d’actifs.

Auteur
Jean-Noël VIEILLE

Docteur en Sciences de gestion, Intervenant-formateur pour l’ESBANQUE

Sources :

ISR, ESG : comment investir dans le développement durable ?

ISR, ESG : comment investir dans le développement durable ?

Temps de lecture estimé : 13 min

Rédaction Web : JUST DEEP CONTENT

L’investissement ISR et les critères ESG connaissent un fort engouement : de quoi s’agit-il ? Comment investir ? Quels résultats et quels impacts ?

 

Depuis la pandémie de la Covid-19, le monde évolue dans une situation instable d’incertitudes sanitaires, économiques et sociales.

Dans ce contexte, la protection de l’environnement et la lutte contre le réchauffement climatique, sujets présents depuis de nombreuses années, ont pris une importance nouvelle. Le climat est un facteur important de la continuité de l’activité humaine. La trajectoire promise à notre planète quant au réchauffement climatique est suivie de près puisqu’elle aura in fine des impacts certains sur nos vies.

Le sujet environnemental est porté par l’ensemble des acteurs de la planète. Différents accords internationaux ont été mis en place afin de lutter contre le réchauffement climatique, un des plus connus étant l’accord de Paris adopté en 2015 lors de la « COP 21 » ( 21e opus de la Conférence des parties dites COP initiée en 1995 à Berlin).

Cette approche vise à accélérer et intensifier les actions et les investissements nécessaires à un avenir durable, en diminuant l’empreinte carbone.

Les actions menées, décidées régulièrement, doivent permettre de contrôler l’augmentation de la température à 1.5° C d’ici à 2100.

La dernière convention internationale « COP 26 » s’est déroulée à Glasgow en novembre 2021. Son objectif est d’accélérer cette transition et mettre en œuvre des plans d’actions concrets, à plus court-terme.

Aujourd’hui ces thématiques concernent l’intégralité des acteurs économiques et de la population. La planète financière a pleinement intégré cet aspect en orientant sa collecte de fonds vers des entreprises agissant sur les sujets environnementaux.

En parallèle, les  investisseurs, institutionnels ou particuliers, sont à la recherche de diversification et d’une manière différente de placer leurs capitaux, via une approche de conviction et de sens.

Mais que recouvre la thématique d’investissement dans le développement durable, dite ISR (Investissement Socialement Responsable) ou ESG (critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) ? Quels sont les supports ? Quels en sont les résultats et impacts ?

qu’est-ce que la gestion isr et l’esg ?

L’Investissement Socialement Responsable (ISR) regroupe différentes approches intégrant les enjeux Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG) dans la gestion financière. On parle plus couramment de finance responsable.

Les gestions ISR ont pour objetcif d’allier performance économique et implications sociales et environnementales.

comment fonctionne la gestion isr ?

Le Gestion ISR sélectionne les entreprises dans lesquelles investir sur la base de deux analyses différentes, financière et extra-financière.

 

Le pilier financier 

Dans cette analyse, les critères financiers sont pris en compte prioritairement, la structure du bilan, l’analyse fondamentale et comparative sont appliquées à l’étude de l’entreprise.

Il s’agit de vérifier la solvabilité, la valorisation potentielle de l’entreprise et sa pérennité économique quant à son business model.

 

Le pilier extra-financier 

A cette analyse financière vient ensuite s’ajouter un autre filtre, celui de l’approche extra-financière.

Celle-ci s’appuie sur les critères dits ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance).

Une entité qui applique l’investissement socialement responsable (ISR) met ainsi en œuvre une grille d’analyse extra-financière (ESG) dans sa sélection. Elle sera ainsi attentive dans ses choix d’investissement :

  • au respect et à la défense de l’environnement
  • au climat social de l’entreprise
  • et à l’application d’une organisation dite « de bonne gouvernance » intégrant la transparence des décisions, des rémunérations, des comptes, l’indépendance des organes de direction et de surveillance et l’abence de conflits d’intérêt.

L’objectif de cette analyse n’est pas uniquement de répondre aux critères ESG. Le respect de ces éléments permet également :

  • de privilégier des entreprises développant des technologies d’avenir consacrant un budget important à l’innovation.
  • d’anticiper les risques potentiels d’image de la société, de discontinuité d’activité, pénalisant de facto, son modèle économique.
  • d’intégrer des entreprises orientant leur stratégie à plus long terme, via la prise en compte d’un développement durable.

ESG pour quelles définitions ?

Environnement :

Il s’agit de prévenir les risques environnementaux, aider à réduire la production de déchets et améliorer l’empreinte carbone planétaire.

En 2005, l’union européenne fixe un plafond d’émission de gaz à effet de serre (GES). La réduction de l’empreinte carbone se fait essentiellement par deux moyens :

  • une imposition dite taxe carbone due par les entités ou entreprises sur leurs émissions de CO2. Le montant de cette taxe va croissant. Elle s’élève en France à 56 € la tonne en 2020 et atteindra 100 € en 2030.
  • des quotas de CO2 négociables sur un marché : les entreprises émettant plus que le plafond de CO2 qui leur est attribué doivent acheter des quotas sur le marché. Celles qui en émettent moins peuvent vendre leurs quotas. Ce marché concerne principalement les secteurs de l’industrie et de l’énergie. Il a été mise en place en 2005 en Europe (Emission Trading Scheme).
    Le prix de la tonne de CO2 sur le marché européen est passé de 25 € en 2019 à plus de 65 € en octobre dernier.
  • La compensation carbone : consistant à compenser les émissions de CO2 d’une société par des investissements dans des projets de réduction de ces émissions. Les émissions ainsi compensées sont considérées comme des « crédits carbone » eux-mêmes échangeables sur le marché du carbone.

Social :

Le critère social cible le dialogue social dans l’entreprise, la préservation et l’amélioration des conditions de travail, le respect du droit du travail et l’aide à la prévention des accidents.

La formation des collaborateurs et leur épanouissement fait partie intégrante de cette thématique.

Gouvernance :

Le thème gouvernance prend en compte les sujets d’indépendance du conseil d’administration, la transparence, la vérification et la sincérité des comptes de l’entreprise ainsi que la qualité de la gestion.

les différentes formes d’investissement isr

On peut distinguer six méthodes de gestion ISR.

 

Approche Best in class

Un fonds best in class sélectionne les meilleures sociétés via un système de notation, selon les critères ESG en distinguant chaque secteur économique, sans n’en exclure aucun.

 

Approche Best in Universe

Il s’agit là encore de viser les sociétés selon leurs critères ESG mais en ne retenant pour chaque facteur que les « meilleurs élèves » quelque soit leur secteur d’activité. Certains secteurs peuvent donc ne pas être représentés.

 

Approche par exclusion

Un fonds d’exclusion exclut les secteurs controversés.

Très souvent, il s’agit d’exclusions d’ordre éthique, en lien avec les secteurs  les plus concernés comme l’alcool, le tabac, l’armement, les jeux d’argent les OGM (organismes génétiquement modifiés), le nucléaire ou les énergies fossiles.

 

Approche Best Efforts

Un fonds Best Effort vise à accompagner les entreprises ayant progressé le plus rapidement dans leurs critères en réalisant les plus gros efforts. Elles seront retenues pour leur dynamique d’amélioration de leurs pratiques ESG.

 

Approche thématique

Un fonds thématique se concentre sur des thématiques dites de mégatendances ou d’avenir, en lien avec le développement durable tels que les énergies renouvelables, l’eau, la santé.

 

Approche d’impact

Ce type de gestion privilégie les entreprises ayant un impact social positif, tout en offrant une rentabilité financière mais ce critère est secondaire au premier.

les différents labels de l’investissement socialement responsable en france

Il existe 9 labels en Europe permettant d’identifier et d’encourager les entreprises engagées dans l’investissement socialement responsable. Nous décrirons ici les quatre labels français.

 

La labellisation ISR

Le Label ISR est le plus connu avec 508 fonds labellisés en 2021. Il a été créé en 2016 par le ministère de l’écologie et des finances et constitue donc un label d’État. Il permet aux épargnants ainsi qu’aux investisseurs professionnels de flécher leurs fonds vers des thématiques durables.

Pour être labellisé ISR, il est nécessaire d’obtenir une certification basée sur six thématiques financières et extra-financières.

L’analyse extra-financière est basée  sur les critères ESG en appliquant les référentiels suivants :

  • prouver la rigueur et le respect du cahier des charges de l’analyse ESG
  • anticiper l’impact environnemental de l’investissement au moyen d’une analyse basée sur les bénéfices de leurs actions
  • mettre en œuvre une politique d’engagement et un dialogue vertueux avec les émetteurs de fonds
  • être systématiquement contrôlé au moyen de tests réguliers

Trois organismes accrédités par le Comité Français d’Accréditation (COFRAC) auditent les entreprises pour le label ISR :

  • L’AFNOR Certification
  • EY France
  • Deloitte

Les organismes d’accréditation portent leurs études sur :

  • les objectifs recherchés par le fonds en termes d’ESG
  • les méthodes d’analyse et de suivi des critères ESG mises en place dans les entreprises sélectionnées par le fonds
  • la construction et la gestion du portefeuille aux regards des critères ESG
  • l’engagement ESG des entreprises sélectionnées par le fonds
  • la transparence de l’information du fonds vers les épargnants et les investisseurs
  • l’évaluation des impacts positifs de la démarche ESG sur l’investissement durable.

Le label ISR est valable trois ans et est renouvelable. Des contrôles de suivi sont prévus pendant cette durée.

 

Le label Greenfin

Egalement label d’État puisque créé en 2015 par le Ministère pour le financement de la transition énergétique et écologique, le Label Greenfin retient des critères ESG mais également des facteurs environnementaux plus marqués. Les secteurs du nucléaire ou des énergies fossiles sont par exemple exclus.

Greenfin a pour objet de garantir :

  • l’exécution d’une taxonomie d’activités dites durables : l’alllocation du fonds doit être majoritairement dédiée à 8 catégories d’activité liées à la transition énérgétique et climatique (Energie, Bâtiment, Gestion des déchets et de la pollution, Industrie, Transport dit « propre », Technologies de l’information et de la communication, Agriculture et forêt, Techniques d’adaptation au changemet climatique). Certains secteurs font l’objet d’une exclusion totale (nucléaire, énergies fossiles) ou partielle.
  • le respect des critères ESG (Environnementaux, Sociaux, Gouvernance)
  • la mesure de l’impact des investissements du fonds en matière de développement durable ainsi que communication et le reporting aux investisseurs
  • la transparence financière de gestion du fonds

Novethic, EY France et AFnor Certification sont les entités habilitées à auditer les fonds souhaitant obtenir ce label. Celui-ci est accordé pour un an, renouvelable et soumis à contrôles réguliers.

En 2021, 73 fonds de gestion sont labellisés Greenfin.

 

Finansol

Créé en 1997, le Label Finansol retient principalement :

  • le critère de solidarité : le financement de projets solidaires, l’affectation de tout ou partie des fonds au financement d’entités qui favorisent l’accès au monde du travail, à l’entreprenariat dans les pays en développement, au financement des améliorations écologiques.
  • l’information et sa transparence auprès des investisseurs. Les produits labellisés doivent être facilement accessibles aux investisseurs en termes de communication.

Les fonds retenus recherchent ainsi des entreprises développant une politique sociale dite juste et solidaire, afin de favoriser l’emploi, contribuer au développement durable de par leurs actions, agir sur le plan environnemental.

Ce label est délivré par un comité d’experts indépendants. Il n’est donc pas accordé par l’État.

159 fonds ont reçu ce label en 2020.

 

Le label du Comité intersyndical de l’épargne salariale (CIES)

Ce label concerne uniquement l’épargne salariale. Il est délivré par un comité représentatif de quatre syndicats sur la base de l’analyse du rapport qualité / prix de l’offre de gestion, des critères socialement responsable et de gouvernance.

15 fonds ont été labellisés en 2016.

vers une taxonomie européenne et des critères isr harmonisés

La lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la biodoversité ne peuvent se mener qu’à l’échelle internationale.

Il est indispensable que les différents pays s’accordent sur les critères exigées pour la qualification d’investissement socialement responsable et d’ESG. Parallèlement, les entreprises investies dans cette démarche doivent faire preuve de transparence et permettre un contrôle fiable du respect de leurs engagements.

A cet effet, une règlementation spécifique, dite taxonomie, a été adoptée en 2020 en Europe permettant de déterminer ce qu’est une activité durable.

 

Pour revêtir cette nature, l’activité doit contribuer fortement à  l’un des six objectifs de l’Union Européenne en termes de développement durable, sans nuire à l’un quelconque des autres objectifs. A l’heure actuelle, seuls les objectfis d’atténuation et d’adaptation au changement climatique ont été définis.

La taxonomie européenne s’appuie également sur les Règlements SFDR (Sustainable Finace Disclosure) et CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive).

Cette règlementation vise à harmoniser les critères ISR mais également à mieux les contrôler et éviter le « greenwasing » dont nous parelrons un peu plus loin.

a qui s’adresse l’investissement isr ?

L’ISR s’adresse à tout investisseur, particulier, professionnel, institutionnel souhaitant donner du sens à son épargne. Il est question de favoriser une approche éthique, durable et responsable quant à la destination des fonds placés.

Cette approche suppose néanmoins d’accepter une stratégie de valorisation à long terme, sans qu’il soit pour autant question de faire une croix sur les rendements escomptés mais en les évaluant sur un horizon long.

Ces éléments doivent être clairement établis au moment du choix de l’investissement et correspondre au profil de risque de l’investisseur.

La finance durable a subi une forte mutation et un important développement ces dernières années. Elle constitue aujourd’hui un domaine à part entière de la gestion d’actifs.

Les moyens d’y investir sont nombreux, via plusieurs types de supports d’investissement.

quels supports financiers pour l’investissement isr ou esg?

Il est possible d’investir en ISR par des supports actions, des obligations, des fonds OPC (Organismes de Placement Collectif) thématiques, des ETF (Exchange Traded Funds) spécifiques ou bien encore via des parts de groupements forestiers.

les supports actions

Au travers de la classe d’actifs actions, nous retrouvons la possibilité d’accéder directement au capital de sociétés développant une approche ISR.

Ces entreprises sont alors sélectionnées pour leur politique RSE (Responsabilité sociétale et environnementale), leur vocation à alléger leur empreinte carbone, à veiller au bien-être des collaborateurs ou encore favoriser l’inclusion sociale au moyen de l’embauche de personnes en situations de handicap par exemple.

Il peut s’agir de sociétés cotées, y compris des sociétés à forte capitalisation comme celles du CAC 40, beaucoup d’entre elles développant une politique de développement durable, avec des degrés différents d’implication sur ces sujets.

Dans une approche ISR plus « puriste », on privilégiera des sociétés dont l’activité même a un objectif environnemental, quelque soit la taille de cette société.

Il est possible également de retenir des sociétés non cotées et d’investir en ISR via le Private Equity.

les obligations ou greenbonds

Très en vogue depuis la crise de la COVID-19, nombre de gestionnaires d’actifs ou d’institutionnels émettent sur les marchés des titres de créances représentatifs de projet dédiés au fnancement de projets « verts ».

L’investissement est alors réalisé sous forme d’obligations, encore appelées «  greenbonds ». Les capitaux levés sont utilisés au financement de la transition énergétique menés par l’entreprise ou l’entité publique en charge du projet.

La Commission européenne a ainsi lancé une émission de greenbond en 2020, dans le cadre du financement des différents plans d’urgences, pour lutter contre l’impact de la pandémie sur les économies des pays de la zone euro. Elle prévoit d’émettre plus de 200 milliards d’euros de grennbonds pour financer la transition écologique.

Il peut aussi s’agir de titres de créance dits EMTN (Euro Medium Term Note) ou de fonds à formule. Ces produits structurés sont composés d’un produit obligataire, de swap et d’option permettant d’indexer leur performance sur un sous-jacent représentatif d’un indice ou d’un panier d’actions de sociétés ISR.

Ces supports visent un rendement lié au secteur ISR, tout en protégeant le capital investi si les ambitions de valorisation du placement initial sont atteintes, à une date de constatation fixée d’avance.

les opc thématiques

Investir sur des fonds sectoriels et thématiques permet de se concentrer sur un secteur économique et de diversifier l’investissement.

Ces OPC (Organisme de Placement Collectifs) thématiques ont une orientation de  conviction forte. Il est question de favoriser par exemple un secteur d’activité ISR précis ou une zone géographique.

Visant un secteur spécifique, ils présentent une relative décorrélation avec les indices boursiers mondiaux.

Ces OPC vont développer des domaines d’avenir, nécessaires au développement durable, comme par exemple la thématique de l’eau, la diminution de l’empreinte carbone ou les nouvelles technologies ayant pour but de capter les émissions de CO2.

les etf esg

Les ETF (Exchange Traded Funds) sont des fonds dont l’objectif est de répliquer le plus fidèlement possible un indice de marché.

Les ETF ISR appliquent à leurs investissements les critères ESG ou répliquent des indices ESG comme l’indice S&P 500 ESG ou le DAX 50 ESG, ou plus récemment le CAC 40 ESG créé en mars dernier.

Les ETF ESG connaissent un important succès et représentent plus de 17 milliards d’euros d’encours en 2020 et plus de la moitié de la collecte globale d’ETF en 2021.

Ils permettent d’investir facilement et avec des frais de gestion réduits dans la thématique ESG.

Ils ont néanmoins pour inconvénient de rester très corrélés aux grands indices, les indices ESG étant très proches de leur indice général de référence. Par ailleurs, la thématique ESG regroupe les critères que nous avons détaillés précédemment mais ne représente pas l’intégralité des sujets ISR, notamment en termes d’enjeux climatiques.

les groupements forestiers

Dans une optique de préserver les forêts et la biodiversité, de plus en plus d’acteurs de la finance s’intéressent aux parts de groupements forestiers.

Le rôle des forêts est central en termes de biodiversité et de captation de CO2. Leur bonne gestion permet de prévenir des risques de dégradations liées à l’environnement, aux évènements climatiques, aux incendies ou encore aux maladies des différentes essences de bois, selon leur particularités géographiques ou biologiques.

Leur préservation s’inscrit naturellement dans un objectif de développement durable.

La sélection d’investissement est alors centrée sur la qualité de la gestion des groupements forestiers et la mise en œuvre de bonnes pratiques d’exploitation respectant le développement durable. Des labels spécifiques au secteur forestier ont été créés à cet effet, tels le Label FSC (Forest Stwardship Council).

Par ailleurs, les groupements forestiers offrent, sous conditions, des avantages en termes de fiscalité :

  • une transmission favorisée (abattement de 75% sur la valeur des parts en cas de donation ou succession sur respect de certaines conditions)
  • une réduction d’impôt sur le revenu de 25% dans la limite d’investissement de 50.000 € pour une personne célibataire, 100.000 € pour un couple, selon la législation actuelle et sous condition de plafonnement des niches fiscales.

l’investissement durable : quels résultats ? quels impacts ?

Investir ses fonds dans une optique de favoriser le climat, la biodiversité, le bien-être, la justice et l’équilibre social séduit de plus en plus d’épargnants et d’institutionnels.

L’année 2019 a été à ce titre un véritable tournant, les encours labellisés ISR passant de 46 milliards d’euros en 2018 à plus de 153 milliards fin 2019 en France. En 2021, l’encours des investissement ISR s’élève à 2.000 milliards d’euros en Europe.

Les OPC labellisés ISR en France sont des OPC actions pour plus de la moitié des encours, les fonds monétaire représentent 30 % et les fonds obligataires environ 15 % à fin 2020, le solde étant des fonds diversifiés ou fonds de fonds.

L’investissement ISR connaît donc une fort développement et la collecte croissante de fonds destinés à cette thématique fait espérer des impacts à venir, réels et positifs, sur le développement durable.

S’il est certainement trop tôt pour mesurer ces impacts, il est néanmoins nécessaire de pouvoir réaliser une évaluation régulière et fiable de ces investissements en termes de développement durable, même si cet exercice est difficile.

Le cas échéant, le risque serait celui d’une stratégie jugée sans effet réel, voire d’un objectif purement « marketing » destiné à la collecte massive de fonds, sans souci d’efficacité écologique. L’investissement ISR doit ainsi éviter ce que l’on nomme le « greenwashing ».

Une autre question se pose en termes de performance. Pour les personnes physiques comme les sociétés ou institutions, la question du rendement reste centrale. Les fonds ISR ont longtemps pâti d’une image d’investissement peu performants.

Une étude récente menée de 2016 à 2020 démontre que cela n’est pas nécessairement le cas et que 62 % des OPC labellisés ISR surperforment même le marché.

Il reste certain que de part la nature de leur investissement, la performance des fonds ISR doit s’apprécier sur un horizon long. Cette caractéristqiue ne doit pas être oubliée par l’investisseur au risque de déconvenues et d’inadaptation à son profil de risque.

La forte croissance des investissements ISR témoigne d’une prise de conscience de l’urgence des enjeux écologiques et environnementaux. Elle correspond également à une recherche de sens et de conviction qui traverse nos sociétés actuelles jusqu’au monde de la finance.

La question quant à la capacité des économies mondiales à tenir leurs engagements sur la neutralité carbone va se poser rapidement, d’ici 2040-50-60-70 pour les pays les plus en retards.

Les actions ne seront mesurables qu’à terme. Aucune évaluation ne permet à ce jour de connaître l’impact exact des mobilisations réalisées par tous les acteurs de la transition écologique.

Cette évolution sera certainement difficile pour les économies et les sociétés. Les investissements ISR doivent avoir un impact réel et un rôle central dans la réussite de cette transition.

Auteurs
Anne Brouard et Sébastien Bucher

Anne Brouard est Ingénieur patrimonial et fondateur de JUST DEEP CONTENT, agence de contenu spécialisée en gestion de patrimoine, Intervenante-formatrice pour le CESB Expert en Gestion de Patrimoine, diplôme RNCP Niveau 7 
Sébastien Bucher est Banquier Privé, diplômé du CESB-CGP